Le travail de la commission de contrôle des parrainages du Conseil constitutionnel est remis en question. De nombreux candidats doutent de sa fiabilité et surtout de sa base de travail, le fichier électoral.
Le Conseil constitutionnel ou plus précisément son logiciel de contrôle des parrainages est au cœur des critiques. Il est contesté par de nombreux candidats déclarés à l’élection présidentielle du 25 février 2024 qui doutent de sa fiabilité. Seulement neuf candidats sur 93 ont validé leur parrainage. Il s’agit de Boubacar Camara, Déthié Fall, Cheikh Tidiane Dièye, Daouda Ndiaye, Karim Wade, Habib Sy, Khalifa Ababacar Sall, Anta Babacar Ngom, Amadou Bâ. Et parmi ces neuf, cinq sont passés par le parrainage citoyen, les autres ont choisi le parrainage des élus. Vingt autres candidats sont autorisés à régulariser des doublons externes et/ou internes. Le reste a été éliminé. D’ailleurs sept candidats, regroupés autour de l’Alliance des candidats aux fichiers jugés inexploitables, tiennent une conférence de presse aujourd’hui pour dénoncer le fichier et le travail de la commission de contrôle des parrainages. Lors d’une conférence de presse vendredi dernier, les informaticiens de Pastef dénoncent «la fraude massive» sur le contrôle des parrainages de Bassirou Diomaye Faye. D’après les informaticiens de Pastef, le fichier de Bassirou Diomaye Faye a été ciblé dans les régions de Ziguinchor, Dakar et Sédhiou. Et ils veulent pour preuve un parrain rejeté sur deux provient de ces localités réputées favorables à Ousmane Sonko. Mieux, les informaticiens affirment que sur les 20 % de rejets, 98 % ne sont pas conformes et sont étrangers aux informations saisies dans leur fichier de parrainage. Ce qui les font croire que leur fichier a été falsifié afin de barrer la route à Bassirou Diomaye Faye.
L’Alliance des candidats aux fichiers jugés inexploitables se fait entendre
«À l’issue du premier tour de contrôle des parrainages, les plus sceptiques commencent à comprendre que ce système est conçu pour sélectionner les candidats à opposer au pouvoir», écrit Thierno Alassane Sall sur X anciennement tweeter. Ce candidat à la présidentielle de février 2024 qui a été autorisé à régulariser 13 465, en veut pour preuve, les doublons fantaisistes. «Mon propre frère aurait parrainé, en plus de ma candidature, celle d’un concurrent», dit-il. Le président du parti La République des Valeurs/Réewum Goor affirme également que le «nombre incroyablement élevé de doublons», au total 28 000, qu’il aurait avec d’autres candidats, interroge. «Dans la région de Thiès en particulier, deux ou trois candidats qui n’ont pas de bases connues, ont été à l’origine de milliers de doublons», dénonce le fondateur de la République des Valeurs/Réewum Goor. «Ces situations absurdes mettent en lumière les défaillances d’un système que nous n’avons eu de cesse de dénoncer depuis 2019. Malgré tout, nous serons au rendez-vous du Conseil constitutionnel pour régulariser ces “doublons”», poursuit Thierno Alassane Sall.
C’est un véritable scandale que la Commission électorale nationale autonome (Cena) nous annonce qu’à moins de deux mois de l’élection présidentielle que «la version du fichier électoral actuellement disponible sur son site n’est pas encore mise à jour relativement à l’élection présidentielle du 25 février 2024».
La candidate de Mimi2024 à l’élection présidentielle s’interroge elle-aussi. «De quel fichier dispose donc le Conseil constitutionnel pour contrôler les parrainages? Donc la Cena qui est censée superviser l’élection présidentielle du 25 février ne dispose pas encore de fichier à jour ? Finalement à quel fichier faut-il se fier», se demande Aminata Touré, ajoutant qu’une élection présidentielle n’a jamais été organisée dans une telle nébulosité au Sénégal! D’après elle, tout ce «capharnaüm électoral» entache sérieusement la transparence et la sincérité du scrutin du 25 février. C’est la raison pour laquelle, elle appelle les démocrates et citoyens sénégalais à se mobiliser massivement pour une élection inclusive et transparente!
Vingt candidats sont autorisés à régulariser des doublons externes et/ou internes. Il s’agit de Rose Wardini (31 000), Idrissa Seck (5 800), Serigne Mboup (13 000), Pape Djibril Fall (13 000 et 03 régions), Aliou Mamadou Dia (202 à Diourbel), Malick Gakou (3 449), Mamadou Lamine Diallo (5 199), Mouhamed Boun Dione (7 817), Serigne Guèye Diop (13 228 et 02 régions), Aly Ngouille Ndiaye (1 009), Souleymane Ndéné Ndiaye (18 669), Abdoul Mbaye (13 771), Aminata Touré (18 980 et 04 régions), Elhadj Mamadou Diao (11 953), El Hadj Abdourahmane Diouf (13 792), Bassirou Diomaye Faye (4 219), Amadou Ly (23 678), Bougane (18 996), Thierno Alassane Sall (13 465), Me El Hadj Diouf et Cheikh Tidiane Gadio sont toujours injoignables. Le Conseil constitutionnel a demandé aux candidats admis à régulariser leurs parrainages de déposer leur clé Usb aujourd’hui. Le contrôle démarre demain mardi.
Charles Gaïky DIENE