La consommation de drogue est une réalité au Sénégal. Au niveau du Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar (Cepdiad) logé à l’hôpital Fann, chaque année pas moins de 500 demandes de prise en charge sont adressées aux responsables de l’établissement. Actuellement près de 4 000 consommateurs de drogue sont suivis par le personnel traitant.
Structure de référence pour la prise en charge des consommateurs de drogue, le Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar (Cepiad) est débordé. Selon son coordonnateur, Pr Idrissa Bâ, chaque année, le centre reçoit des centaines de demandes de prise en charge. Actuellement sur la base de données, ce sont des milliers de «drogués» qui sont suivis par des spécialistes. «Depuis que nous avons ouvert en 2015, le centre reçoit annuellement 500 nouvelles demandes. Actuellement, nous avons une file active de près de 4 000 patients qui sont suivis par le Cepiad. Au niveau de cette prise en charge, nous avons un programme important sur la drogue injectable, sur les substances dérivées de l’opium et sur l’héroïne», explique Pr Bâ. C’était, hier, lors des Journées portes ouvertes organisées par le centre. Pr Ba ajoute qu’au niveau du Cepiad, un programme méthadone est en cours et il prend en charge les patients qui consomment de l’héroïne. D’ailleurs, dans ce programme, plus de 300 personnes sont prises en charge. Car, elles sont confrontées à beaucoup de difficultés liées à la stigmatisation et à la discrimination. C’est pourquoi les responsables du centre font des plaidoyers auprès des autorités afin de mener des réformes pour faciliter l’accès aux soins. «Aujourd’hui il n’y a pas que le Cepiad au Sénégal, il y a 4 autres structures qui existent et qui prennent en charge les consommateurs de drogue. Il y en a une à Thiaroye, une unité d’addictologie à l’hôpital de Mbour, une à l’hôpital de Kaolack et le centre de Mbacké. Il faut que l’Etat et les autorités s’impliquent davantage pour que nous puissions faire face à cette demande de plus en plus croissante», lance le spécialiste. Qui précise qu’en matière d’addition, il n’y a pas de sexe ou d’âge. Mais les femmes constituent l’une de leurs préoccupations. Parce qu’elles constituent 10 % de leurs patients. Raison pour laquelle, dit-il, les activités de ces journées portes ouvertes ciblent plus les femmes. Mais malheureusement la stigmatisation et la discrimination liées aux valeurs culturelles ou traditionnelles constituent des obstacles pour elles.
Pr Idrissa Ba soutient qu’au-delà de ces activités de prise en charge, le Cepiad fait beaucoup de plaidoyer. «Avant, on parlait de drogues injectables à l’ouverture du Cepiad, on parle maintenant de nouvelles formes de drogue. Il y a des tendances émergentes comme on le dit dans le jargon. Il y a des drogues qui font de plus en plus leur apparition et qui posent beaucoup de problèmes. C’est l’exemple du volet, des ballons. Il y a d’autres formes d’addiction qui sont sans substance», a fait savoir Pr Bâ.
Samba BARRY