Le défunt directeur de publication de Walfquotidien, Abdourahmane Camara, décédé dans la nuit de samedi à dimanche au Maroc à l’âge de 65 ans des suites d’une maladie, fut “la cheville ouvrière” de ce quotidien dont la ’’rigueur’’ et la ’’probité professionnelle’’ ont contribué au développement du groupe de presse du même nom, devenu au fil des ans un des symboles de la presse privée sénégalaise, a témoigné de lui Jean-Meïssa Diop, un de ses cadets et compagnons.M. Diop, ancien rédacteur en chef de Walfquotidien et ex-directeur de publication de WalfGrandplace, un quotidien people né des flancs du premier nommé, a rappelé avoir eu dans ce média privé un cheminement de 27 ans avec celui qui était appelé affectueusement ’’Camou’’. Il dit avoir beaucoup appris de sa “rigueur” et de sa “probité professionnelle”.
“Camou a été une cheville ouvrière à Walf. En 27 ans de carrière à Walf, j’ai profité et appris de sa rigueur et de sa probité professionnelle”, a déclaré Jean-Meïssa Diop dans un entretien avec l’APS.
Abdourahmane Camara, originaire de Saint-Louis, région du nord du Sénégal, fut avec Tidiane Kassé et Mademba Ndiaye, l’un des pionniers du quotidien “WalFadjri”, lancé en 1984 par Sidy Lamine Niasse dont il vient de célébrer le premier anniversaire de la disparition le 4 décembre dernier.
Ils étaient à l’époque de jeunes diplômés du Centre d’études des sciences et techniques de l’information et de la communication (CESTI), 11e promotion.
Jean Meïssa Diop, leur cadet de trois ans au CESTI, dit retenir de son aîné “la rigueur dans l’expression écrite et l’humilité”, ajoutant qu’il “savait s’abaisser pour que chacun fût à sa hauteur”.
Il a dit se souvenir comme si c’était hier, des “jours difficiles” à Walf avec son compagnon de route après les vagues de démissions de la rédaction du journal enregistrées surtout en 2002.
“Il y a eu une nuit de bouclage où nous avions travaillé nous deux, seuls, et avons pu les jours suivants, maintenir Walf à flots. Des moments d’abnégation et de courage inoubliables”, se rappelle le journaliste-formateur.
Abdourahmane Camara “était un passionné et un fin connaisseur” des réalités et acteurs politiques du Sénégal. Sa maitrise obtenue à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar expliquait sa maitrise de l’expression écrite française. Il y associait aussi sa maitrise des questions juridiques, selon Jean-Meïssa Diop.
“Camou” a co-écrit, avec son confrère Tidiane Kassé, l’ouvrage “Assassinat de Me Sèye : enquête sur un complot”, une publication consacrée à là l’affaire Me Babacar Sèye, du nom de cet ancien député maire de Saint-Louis et ex-vice-président du Conseil constitutionnel assassiné le 15 mai 1993 au lendemain de la publication des résultats des élections législatives de cette année-là au Sénégal.
“Il avait un carnet d’adresses respectable qui fait le bon journaliste. Un jour il avait reçu un papier intéressant d’un correspondant régional, mais il manquait un recoupement, car il n’y avait qu’une seule version, celle des autorités pénitentiaires. Par son carnet d’adresses, il a su contacter l’avocat du détenu qui n’était pas au courant d’une éventuelle libération de son client et c’est comme ça que le papier s’est retrouvé à la corbeille”, se souvent Jean Meissa Diop.
Pour Jean-Meïssa Diop, cet exemple est un cas d’école pour rappeler “les règles essentielles” de la profession de journaliste pas toujours respectées a-t-il dit. “Le recoupement est essentiel pour le traitement de toute information (…). C’est une des règles essentielles pour tout journaliste”, conclut Jean Meïssa Diop.
APS