Le chroniqueur de Walf Tv, interpellé depuis le 13 novembre dernier, n’a pas franchi la porte de la prison. Il a été inculpé après plusieurs retours de parquet, puis placé sous contrôle judiciaire, hier, par le doyen des juges d’instruction de Dakar. Une procédure que Me Cheikh Niass, membre du pool de ses avocats, dénonce vigoureusement.
Après plusieurs retours de parquet, le chroniqueur Pape Sané a été entendu, hier, par le doyen des juges d’instruction de Dakar. Au terme de son audition, Oumar Maham Diallo l’a inculpé pour «diffusion de fausses nouvelles et actes ou manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique», puis placé sous contrôle judiciaire. «Pape Sané a été inculpé par le juge d’instruction du 1er cabinet pour diffusion de fausses nouvelles et actes ou manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique puis mis en liberté provisoire assortie du contrôle judiciaire avec obligation d’émarger le dernier vendredi de chaque mois et ne pas sortir du territoire sans autorisation», informe Me Moussa Sarr, un des avocats constitués pour le chroniqueur de Walf Tv.
Le mis en cause, en détention depuis le 13 novembre 2023, a été cueilli dans les locaux de Walf, dans l’après-midi, alors qu’il s’apprêtait à déférer à sa convocation à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane. Il recouvre la liberté après avoir passé sept jours entre les mains de la justice. Une violation de ses droits, selon Me Cheikh Niass, membre du pool de ses avocats. «La prolongation de sa garde à vue n’est pas normale. Le retour de parquet n’est pas prévu par les textes. La procédure intentée contre Pape Sané est abusive. Il a duré plus d’une semaine en garde à vue. D’autres détenus sont dans cette même situation. C’est une pratique à dénoncer», réagit Me Cheikh Niass.
Le juge passe outre la volonté du parquet
Le parquet avait demandé au juge de lui décerner un mandat de dépôt. Pour ce faire, le maitre des poursuites qui considère l’acte du chroniqueur comme «des présomptions graves de diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions, actes ou manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique», avait visé les articles 255 et 80 du code pénal, les article 71 et 139 du code de procédure pénale.
Selon Me Cheikh Niass, l’article 139 du code de procédure pénale visé par le procureur était une manière de contraindre le juge. A priori, estime-t-il, ce dernier est tenu de donner droit aux réquisitions du procureur, mais dument motivées. «Dans cette affaire, les avocats ont souligné la légèreté des motivations du parquet. C’était assez léger pour envoyer Pape Sané en prison. Il n’y a pas eu de motivations en fait et en droit. C’est sans doute la raison pour laquelle le juge est allé à l’encontre de la volonté du procureur», constate Me Cheikh Niass.
Salif KA