Tout n’a pas été dit sur les départs massifs vers l’Europe de jeunes, dont des filles en état de grossesse. Quand des spécialistes et autres chercheurs diagnostiquent les causes d’un tel phénomène, le président de l’Action pour les droits humains et l’amitié (Adha), Adama Mbengue, revient sur les chiffres. Citant un rapport des autorités espagnoles, il révèle que «de janvier 2023 à fin octobre 2023, plus de 31 mille exilés ont débarqué dans l’archipel des îles Canaries, contre environ 15 mille pour l’ensemble de l’année 2022, sur tout le territoire espagnol». «Rien que pour le mois d’octobre, ce sont 13 mille débarquements qui ont été recensés dans ces îles», fait savoir Adama Mbengue, qui faisait face à la presse ce samedi.
Selon ce juriste de formation, les arrivées de 2023 ont largement dépassé «celles enregistrées en 2006, lors de la crise migratoire sans précédent aux Canaries appelée ‘Barca ou Barcac’». Durant cette période, poursuit-il, «près de 31 mille 678 migrants avaient foulé le territoire espagnol». «D’après des sources policières, d’El País, près de 60 % des arrivées aux Canaries en 2023 concerneraient des Sénégalais, de janvier à octobre et 90 % en octobre, d’après la presse espagnole», liste Adama Mbengue.
Le président de la plateforme Adha rappelle que «ces statiques ne prennent pas en compte le lot de morts dans la mer méditerranée, ni dans les déserts de Lybie ou du Niger ; encore moins ceux qui ont pu rejoindre par voie maritime l’Italie, en quittant la Tunisie». «Adha dénonce en toute vigueur l’absence de volonté politique, et surtout, de politiques de jeunesse efficaces, capables de faire face à ce sérieux drame qui affecte cruellement le Sénégal. En réalité, la situation socio-économique et politique du Sénégal, fortement marquée par l’inflation, la raréfaction des ressources halieutiques, le manque de débouchés professionnels, la raréfaction des zones de loisirs, la restriction des moyens d’expression, entre autres, submergent les jeunes qui ne voient d’autres perspectives que dans l’exil», déplore le président de l’Adha.
Salif KA