Au Sénégal, il y a des dossiers dont les enquêtes sont conduites avec fast-track, notamment ceux impliquant des hommes politiques. Mais ceux mettant en cause des citoyens lambda trainent encore. La disparition de Fulbert SAMBOU, dont le corps sans vie a été repêché au large des côtes sénégalaises, et l’adjudant-chef Didier BADJI, toujours introuvable, est à ranger dans ce lot. L’opinion attend toujours d’être élucidée sur les circonstances de leur disparition. C’est toujours l’omerta totale sur l’évolution de la procédure.
En tout cas, aucune information n’a filtré des auditions d’une des parties. Selon des sources judiciaires, les enquêtes n’évoluent pas. Le dossier, confie-t-on, est au bureau du juge du troisième cabinet d’instruction de Dakar. «Pour Didier BADJI, une plainte avec constitution de partie civile a été déposée. Le dossier a été transmis au doyen des juges qui est en congés», avait révélé une source proche du dossier. C’était au mois de juillet, au début des vacances judiciaires. Quant à la procédure concernant Fulbert SAMBOU, le juge en charge du dossier avait commis une délégation judiciaire. «Jusqu’à présent, il n’y a aucun retour. Rien n’avance», lâche une autre source.
Face à ce mutisme, plusieurs manifestations ont été initiées par des organisations de défense des droits humains en collaboration avec les familles des victimes. Tout récemment, une des épouses des disparus a fait une sortie dans la presse pour alerter les autorités. Mais rien n’est fait. «Cette lenteur n’est pas à imputer forcément aux magistrats. C’est le pouvoir qui ne veut pas que les choses bougent. Tous les dossiers qui mettent en cause des forces de défense et de sécurité n’avancent pas», commente Me Amadou DIALLO de Amnesty International.
Au même moment, des dossiers politico-judiciaires occupent le devant de la scène. Au premier rang, les démêlés judiciaires de Ousmane SONKO contre l’Etat du Sénégal.
Salif KA