La magistrature n’avait pas bonne presse depuis le déclenchement des rivalités entre Sonko et la majorité présidentielle. Les magistrats ont été accusés, à tort ou à raison, de tous les péchés d’Israël. Sur les réseaux sociaux, les plus téméraires vont jusqu’à les accuser de collusion avec l’Exécutif. Mais depuis quelques temps, la justice semble changer de veste. En effet, c’est un camouflet que l’Etat est en train de subir dans ses dossiers judiciaires l’opposant à des personnalités de l’opposition plus particulièrement au principal opposant du Président Macky Sall, Ousmane Sonko. Ce dernier a fait mordre la poussière à l’Etat et à son Agent judiciaire à Ziguinchor dans l’affaire portant sur sa radiation des listes électorales. Le juge qui a prononcé ce verdict donnant raison à Ousmane Sonko fait l’objet d’attaques et est même accusé d’être à la solde de Pastef dissous. Avant cela, un magistrat de la Cour suprême s’est soulevé pour dénoncer les violations dont Ousmane Sonko fait l’objet.
Ancien procureur spécial de la Crei, le juge Alioune Ndao, candidat à la présidentielle, commente : «Quelle débâcle pour Macky Sall! Lui qui croyait avoir une totale maîtrise de l’appareil judiciaire en nommant certains magistrats qui lui sont soumis aux hauts postes de responsabilité de la justice, en allongeant leur âge de départ à la retraite de 65 à 68 ans et en leur versant mensuellement un pot de vin qui vient s’ajouter à leur salaire».
Pour lui, c’était sans compter avec le vent de rébellion qui souffle en ce moment chez les jeunes magistrats et certains anciens qui vivent au quotidien une grosse frustration due à cet excès d’instrumentation de leur corps. «Marième Diop Gueye et Sabassy Faye ont eu l’honneur et le courage de dire tout haut ce que l’écrasante majorité des magistrats pensent tout bas. Vivement que les autres, notamment ceux de la Cour suprême et du Conseil constitutionnel, suivent leur exemple pour redorer l’image de la justice et restaurer notre démocratie si malmenée par Macky Sall et son régime».
Pour Alioune Tine, cette victoire est d’abord celle des magistrats du Sénégal, qui sont un sujet de fierté dans la sous-région. Dans ce sillage, il a appelé les préfets, les gouverneurs, et les forces de l’ordre «à être collés aux lois et à la constitution et non à quelque parti que ce soit. Il affirme que construire un état impartial, une administration impartiale, des institutions impartiales, c’est cela le gage de la stabilité, de la concorde et de la paix civile.
Magib GAYE