L’avant-goût du procès Ousmane Sonko, Juan Branco et Cie, poursuivis pour des faits criminels, a été donné, hier, par le collectif des avocats de l’Etat, face à la presse. Après le procureur de Dakar, Me El Hadji Diouf et ses confrères, sous le prétexte d’un rétablissement de la vérité, ont saisi la balle au rebond avec des plaidoiries à charge contre les mis en cause.
C’est une conférence de presse aux allures d’un procès pénal que le collectif des avocats de l’Etat a tenue, hier, sur les affaires Ousmane Sonko, en détention, et Juan Branco, sous contrôle judiciaire. A l’instar du parquet de Dakar, Mes El Hadji Diouf, Adama Fall, Ousmane Thiam, Antoine Mbengue et Cie avaient convoqué la presse pour déconstruire «les manipulations de leurs confrères de la défense». Mais ils se sont subitement mis à charger le maire de Ziguinchor et tout individu impliqué dans son dossier criminalisé. Chargée de la lecture du propos préliminaire, Me Ndèye Anta Mbaye a ouvert les plaidoiries avec une chronologie de la violation de la loi par les mis en cause.Selon la robe noire, «depuis mars 2021 Ousmane Sonko s’est singularisé par des discours violents, des appels incessants à la haine, à la désobéissance civile, à l’insurrection, à l’irrespect des institutions et à leur renversement par des procédés non démocratiques». Lors de sa conférence de presse suite aux accusations de viol, rappelle Me Mbaye, il avait tenu ceci: «Nous ne sommes plus au temps des révoltes de salon, comme je l’ai dit, notre moment de vérité est arrivé, celui des véritables gladiateurs. Le combat s’annonce mortel, le mot n’est pas de trop, c’est le prix qu’il faut payer aujourd’hui».
Dans sa plaidoirie, Me Ndèye Anta Mbaye fait savoir que dans un meeting tenu aux Parcelles Assainies, le 14 Mars 2023, Sonko avait demandé «aux jeunes de prendre les armes et d’être prêts à se battre pour déloger du palais le président de la République et le trainer dehors comme c’était le cas pour Samuel Do». Dans le même sillage, poursuit-elle, il avait appelé à défoncer les domiciles des autorités étatiques lors des manifestations en promettant que les agresseurs allaient y trouver des milliards. «Quant à Juan Lopez Branco, avocat au barreau de Paris, et constitué pour le compte de Sonko, il s’est également distingué sur les réseaux sociaux, à travers des attaques virulentes contre l’Etat du Sénégal, allant jusqu’à appeler à la révolte et à l’insurrection», affirme Me Anta Mbaye.
Prenant le relais en langue nationale, Me Adama Fall pointe les préjudices subis par l’Etat du Sénégal. Selon lui, au cours des diverses manifestations, saccages et pillages, des biens publics ont été la cible des casseurs. «L’image de l’institution étatique a été chahutée, le fonctionnement des services publics ralentis, les populations terrorisées, les victimes et leurs familles traumatisées. De même, le secteur privé n’a pas été épargné car de lourdes pertes et de nombreux dégâts ont été enregistrés par des entreprises sénégalaises. Cet état de fait a des conséquences très néfastes sur l’économie nationale avec un fort impact négatif sur les politiques économiques», lance Me Fall. Avant d’ajouter que «l’Etat se réserve le droit d’évaluer l’étendue du préjudice souffert du fait de ces agissements et ne ménagera aucun effort pour rendre effectif la réparation du préjudice subi».
En tant que conseils de l’Etat, Me El Hadji Diouf et Cie promettent de contribuer «sans complaisance à la manifestation de la vérité» dans ce dossier judiciaire impliquant Ousmaane Sonko. Il s’agit, disent-ils, «de se focaliser sur les aspects juridiques et judicaires, de fond ou de forme, à chaque fois qu’un point de droit sera dénaturé pour des raisons autres que la justice».
Salif KA