Malgré un niveau de vie faible, le Sénégal est le pays le plus cher d’Afrique, d’après l’économiste Aziz Salmone Fall. A travers son intervention en ligne, lors du 10e anniversaire des Samedis de l’Économie, en hommage à l’économiste Samir Amin.
Le Sénégal est classé 170e sur plus de 190 pays dans le dernier rapport de l’Indice de développement humain (Idh) du Pnud, qui mesure le niveau de vie des populations. Pourtant, c’est le pays où il fait le plus cher à vivre, selon l’économiste et représentant du Groupe de recherche et d’initiatives pour la libération de l’Afrique (Grila). Aziz Salmone Fall a fait le constat lors du 10e anniversaire des Samedis de l’Économie, une rencontre en hommage à l’économiste Samir Amin Amin (1931-2018). Il explique ce paradoxe par un système de distribution qui est «complètement inéquitable».
A cela, il faut ajouter les taxes pour renflouer les caisses de l’Etat et payer une partie de la dette publique dont les charges financières s’élèvent à 280,75 milliards au 30 juin 2022. Aziz Salmone Fall souligne que les prêts qu’on contracte sont malheureusement à des taux usuraires et qu’il faut d’autres formes de partenariats pour faire face à certaines dépenses de l’État, quitte à les payer sur une génération.
D’autre part, les participants regrettent unanimement que le corps de l’économiste franco-égyptien ne repose pas au Sénégal, pays où il a vécu pendant 50 ans. «Si on avait un État responsable, c’était au Sénégal qu’il fallait rapatrier Samir Amin», laisse entendre Aziz Salmone Fall. Marie Angélique Savané, militante de gauche et sociologue, regrette qu’il n’y ait pas de suivi au Sénégal. «On devait donner son nom à la Faculté des sciences économiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. C’est quelque chose qu’on doit porter, parce que le nom de Samir Amin est ancré au Sénégal. Il n’a pas le niveau de reconnaissance que je voulais qu’il ait», déplore-t-elle. Le Dr Ebrima Sall, ancien du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria) laisse pour sa part entendre que c’est regrettable que Samir Amin ne soit pas enterré au Sénégal. «Mais c’est toujours un combat. Son rapatriement au Sénégal doit faire l’objet d’un combat», encourage-t-il.
Emile Dasylva