Il tarde à choisir son candidat à l’élection présidentielle de février 2024. Derrière ce retard volontaire se cache une stratégie savamment orchestrée pour empêcher aux éventuels frondeurs de Benno d’avoir le temps matériel de collecter de parrainages.
Il a mandat et carte blanche de sa coalition Benno Bokk Yakaar pour choisir son candidat pour l’élection présidentielle de février prochain. Mais depuis bientôt deux mois, Macky Sall traîne les pieds. Alors que tout le monde sait qu’il tient son parti et sa coalition d’une main de fer. Mais il tarde volontairement à choisir son homme, alors que le début du parrainage, initialement fixé initialement au 28 août, a été renvoyé dans un mois, le 27 septembre, selon Ndiaga Sylla.
Macky Sall va certainement attendre la toute dernière minute pour officialiser son choix : histoire de couper l’herbe sous les pieds des éventuels rebelles: les candidats à la candidature de Benno qui ne seront pas choisis et qui risquent d’être tentés de créer des listes parallèles en vue de cette présidentielle. Car même s’il fait la pluie et le beau temps au sein de sa coalition, certains se font des idées, eu égard au contexte politique actuel très ouvert avec un scrutin incertain avec le renoncement de Macky Sall et l’absence probable du leader de Pastef Ousmane Sonko, le principal opposant au régime. Ainsi, tous les prétendants de la mouvance présidentielle pensent qu’ils ont chacun une carte à jouer le 25 février prochain. En plus, il est en fin de règne par conséquent, il a de moins en moins une prise sur ses hommes.
L’ancien Premier Mahammed Boun Abdallah Dionne, l’actuel Premier ministre, Amadou Bâ, le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Abdoulaye Daouda Diallo et le président de l’Assemblée nationale, Mame Amadou Diop et le ministre de l’Agriculture Aly Ngouille Ndiaye, campent tous sur leur position. Personne ne veut lâcher du lest.
Mais Macky Sall semble déterminé à les empêcher d’avoir le temps matériel et financier de se préparer et de collecter des parrainages nécessaires. Car malgré la baisse du taux de parrains requis pour être candidat, la collecte de signatures risque d’être fastidieuse pour les frondeurs qui seront obligés de faire le tour du pays. Ils ne pourront pas compter sur les députés et les élus locaux de la mouvance qui ont signé une charte qui leur interdit de parrainer un autre candidat que celui de la mouvance présidentielle. Mais cette stratégie peut être contreproductive pour la simple et bonne raison que son candidat n’aura pas le temps de se faire adopter par les électeurs, même s’il va surfer sur son bilan.
Charles Gaïky DIENE