La semaine prochaine risque d’être pénible pour des Sénégalais qui veulent avoir des documents au niveau des mairies. Car, à partir du 15 de ce mois, l’Intersyndicale des travailleurs des Collectivités territoriales comptent paralyser leur fonctionnement. Ils exigent l’application de la loi sur l’augmentation des salaires.
Après deux mois d’accalmie, les Collectivités territoriales vont renouer avec des perturbations. Les travailleurs du secteur regroupés autour d’une intersyndicale ont décidé de décréter 96 h de grève à partir du mardi 15 août 2023. Ils affirment que ce mouvement d’humeur sera renouvelable toutes les semaines. Ce n’est pas tout. Pour pousser les autorités à réagir sur leur revendication, le secrétaire général national du Syndicat des travailleurs municipaux du Sénégal (Sutms), Moussa Cissokho et ses camarades comptent tenir également une grande marche sur toute l’étendue du territoire national. Moussa Cissokho et Cie estiment que cette trêve devrait être une occasion pour les autorités de trouver une issue heureuse en généralisant les augmentations de salaires légitimement réclamées par les travailleurs des collectivités territoriales. Malheureusement, ils se rendent à l’évidence que le processus de régularisation «tire en longueur au point de semer le doute dans les esprits». Mieux ces syndicalistes trouvent qu’un premier pas pourrait être posé en traitant favorablement tous les dossiers qui «ne souffrent d’aucune irrégularité afin que les concernés puissent bénéficier de leurs acquis». Mais ce n’est pas le cas, regrettent-ils. C’est pourquoi l’intersyndicale a décidé de «siffler la fin de la récréation, car les travailleurs, dans leur écrasante majorité sont déterminés à en découdre pour que leurs droits soient respectés. Elle n’a plus d’autre choix que d’exiger le paiement immédiat et sans délai desdites augmentations aux ayants droit dans les Collectivités territoriales». Pour eux, les travailleurs des Collectivités territoriales n’accepteront plus d’être les «agneaux du sacrifice, et demandent l’accompagnement de l’Etat aux Collectivités pour l’effectivité du paiement de ces augmentations».
«Nous sommes indignés. Le ministre des Collectivités territoriales a organisé récemment le dialogue des territoires avec tous les acteurs en ignorant royalement les travailleurs des Collectivités territoriales. Et nous avons déposé un courrier auprès du ministère des Collectivités territoriales mais jusqu’à présent nous n’avons eu aucun retour. Aujourd’hui il est inacceptable qu’il y ait des privilégiés et des bannis. Ce que nous demandons c’est l’application de la loi sur la hausse des salaires. Et cela n’est pas négociable», martèlent les syndicalistes.
Sur un autre registre, l’intersyndicale constate que le percepteur de Pikine, a envoyé une correspondance à certains maires qui avaient déjà commencé à procéder au paiement dont l’objet est intitulé : «remboursement de trop perçu sur salaire». L’intersyndicale s’oppose de pied ferme à cette «forfaiture et aux menaces du percepteur de Pikine, qui en sa qualité de payeur, devrait totalement endosser sa responsabilité de contrôle à priori auquel il a manqué avant de procéder au paiement».
Pour eux, les sommes déjà perçues par les travailleurs ne relèvent pas d’une erreur de calcul, mais plutôt d’une circulaire du gouvernement de la République qui se conforme à la décision du président de la République. Par ailleurs, au moment où le Centre national de la fonction publique locale et de la formation (Cnfplf) est en phase de finalisation du recensement des effectifs pour paiement afin de se conformer à la loi et attester de la légitimité de ce droit des travailleurs, «il nous parait très maladroit de revenir sur un acte avec comme conséquence, un réchauffement du climat social sur l’ensemble du pays». Par contre, l’intersyndicale encourage les efforts consentis par le Cnfplf et demande à l’Etat du Sénégal de doter cette structure de moyens suffisamment substantiels lui permettant de mener à bien sa mission. Parmi les mesures attendues de cette innovation, soulignent-ils, l’adoption définitive des organigrammes types devrait permettre d’arrêter les recrutements abusifs des politiciens dans les collectivités territoriales qui, avec leur faible budget, peinent déjà à réaliser des investissements collectifs au niveau de leurs territoires respectifs.
Samba BARRY