Après avoir supplié le président SALL de se présenter à la présidentielle de 2024, le porte-parole du Parti socialiste (PS) milite désormais pour un candidat socialiste. Dans la tribune ci-dessous, Abdoulaye WILANE tente d’expliquer son revirement après que Macky SALL a décidé de se retirer de la course de 2024.
En ce jour où le choix du candidat BBY est attendu, j’ai pensé qu’il était utile, en pleine conscience des enjeux de l’heure, d’écrire cette tribune pour inviter le Parti socialiste et toute la Gauche réunie dans Bennoo à présenter un projet de gauche d’obédience socialiste. Je préconise une candidature dont le programme assure le maintien du cap du PSE à l’horizon 2035 et rassure le peuple des Assises et tous les militants de gauche.
Une nouvelle ère s’ouvre. L’annonce de la non-candidature du Président Macky Sall à la présidentielle de 2024 bouleverse les certitudes. Elle casse l’opposition et fracasse la majorité. Bennoo Bokk Yaakaar qui, dans son écrasante majorité, avait appelé de ses vœux une troisième candidature de son champion à la prochaine consultation électorale, doit aborder ce nouveau virage avec intelligence et lucidité.
En scellant un partenariat en mars 2012 avec le candidat Macky Sall, feu Ousmane Tanor Dieng et le Parti socialiste avaient misé sur le bon cheval. Homme de la raison, du réel et de la précision, feu Ousmane Tanor Dieng savait que notre pays avait besoin non seulement d’apaisement, après le tumulte lié aux événements de juin 2011, mais aussi et surtout de s’inscrire dans une démarche co-constructive qui mettrait ensemble les compétences, les énergies et les différences. Au final, le choix porté sur l’actuel président de la République s’est avéré judicieux. Ses grands accomplissements sont reconnus par tous. Le Président Macky Sall a été un repère et recours. Un repère fixe et un recours stable.
Le Parti socialiste a été loyal avec lui jusqu’au bout et l’a même investi en 2019 pour son deuxième mandat. Même s’il faut reconnaître que nous avons connu beaucoup de frustrations et souffert de la boulimie de nos alliés de l’Alliance pour la République. Maintenant qu’il nous a libérés en renonçant à se présenter en février 2024, ne devrions-nous pas envisager l’avenir avec plus de certitudes ?
Le Parti socialiste, héritage de grands hommes qui ont bâti notre pays par l’engagement, la sueur, le sang et les idées, doit-il encore renoncer à faire entendre sa vision du Sénégal, nourrir le débat autour de ses idées et bâtir une nouvelle attractivité au sein d’une population de plus en plus jeune ? Car, il faut le dire, ne pas se présenter à la présidentielle de 2024, c’est renoncer pour dix longues années encore à la conquête démocratique du pouvoir et au renouvellement de ses élites. Je le dis sans faux fuyant, je milite pour une candidature socialiste en février 2024. Une candidature pour l’unité, la cohésion et la solidarité. Je profite de cette tribune pour appeler les Socialistes à réfléchir lucidement sur la situation actuelle de notre parti car l’avenir se décide maintenant. J’invite le Parti socialiste à redynamiser ses structures et à aller au contact de ses bases.
L’option de transformation de notre pays à l’horizon 2035 ne sera remise en cause. Notre volonté d’avoir une candidature socialiste n’est pas antinomique à la politique en cours. Au demeurant, si nous ne sommes pas présents au deuxième tour, je suis favorable à un accord de désistement en faveur du candidat de Bennoo le mieux placé.
Ce sont là les positions que j’ai défendues lors de la dernière réunion du Secrétariat national du PS au cours de laquelle deux options ont été discutées. La première est celle du maintien du partenariat actuel dans le cadre de Bennoo. La deuxième est celle d’une candidature socialiste que je défends. Aucune hypothèse n’a été retenue, pour le moment, au détriment de l’autre. Mandat a été donné au Secrétaire général de discuter avec le président Macky Sall pour des raisons de cohérence et de loyauté.
Dans ce contexte de rajeunissement de la classe politique, dans cette période d’affirmation identitaire et programmatique des partis, le Parti socialiste ne saurait être un spectateur impuissant. Il doit s’appuyer sur son histoire, ses hommes et ses idées pour rappeler, avec force, qu’il n’est pas un souvenir, mais un présent et un avenir. Le Parti socialiste n’est pas une page que l’on tourne, c’est un livre qui demeure.