L’avocat français du leader de Pastef sort ses preuves. En conférence de presse, hier, à Paris, dans le cadre du dépôt d’une plainte à la Cour pénale internationale (CPI), il a présenté un document de plus de 170 pages avec des documents et des photos qui ont permis d’établir, selon lui, l’existence de «60 crimes de meurtres considérés comme crimes contre l’humanité».
Ça se complique pour le président Macky et son régime. La sortie du Premier ministre Amadou Ba, Me Sidiki Kaba… sur les modalités de la saisine de la CPI n’y fera rien. Arguments à l’appui, Me Juan Branco, l’avocat de Sonko signale : «Nous avons entendu dans le cadre d’une conférence de presse quatre membres du gouvernement qui ont tenté de répondre par avance à nos arguments qu’il fallait qu’un Etat se saisisse de la CPI, c’est faux». Selon lui, toute personne, au titre de l’article 15, peut transmettre des éléments à la CPI et au bureau du procureur pour qu’il s’en saisisse. «Mais nous prenons les mots du ministre des Forces armées et nous lui demandons de saisir lui-même la CPI. Si ce régime respecte comme il le dit le statut de Rome et les conventions internationales qu’il aille, sans crainte, saisir le bureau du procureur pour laver son image et son honneur. Je note que le ministre n’a pas nié l’existence de crimes, mais a tenté de justifier qu’ils n’étaient pas assez graves pour saisir la CPI. Les images diffusées de par leur nombre, de par ce qu’elles montrent suffisent à comprendre à quel point cette position est absurde», poursuit-il. Par ailleurs, il affirme qu’un argumentaire juridique détaillé qu’il laissera en accès libre permettra de démontrer que nous atteignons sans aucune difficulté le seuil de gravité qui est requis par la Cour.
L’avocat a, par ailleurs, annoncé des procédures complémentaires à celles qui ont été menées auprès de la CPI et qui seront déclenchées en France.
Macky et 112 suspects identifiés et plus de 4 500 éléments de preuves vérifiées
Ce n’est pas seulement Macky Sall et des membres de son gouvernement qui sont ciblés par cette plainte. L’avocat affirme avoir identifié «112 suspects» sur l’ensemble de la chaîne de commandement comme étant des personnes qui auront à répondre «des crimes qu’elles ont commis, ordonnés, planifiés et fait exécuter». L’avocat a également exposé «plus de 4 500 éléments de preuves vérifiées» ayant trait aux événements depuis mars 2021. Dans un document de plus de 170 pages, il apporte l’ensemble des preuves avec des documents et des photos qui ont permis d’établir l’existence de «60 crimes de meurtres considérés comme crimes contre l’humanité, de plusieurs milliers de crimes d’emprisonnement en violation des normes de droit international, de plusieurs milliers d’atteintes à la vie et de blessures et enfin d’actes de persécution et d’autres actes inhumains», renseigne Juan Branco pour qui «ces crimes ont été commis dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique contre une population civile».
Magib GAYE