La Banque mondiale va procéder demain au «lancement du rapport annuel sur la situation économique du Sénégal». Dans ce rapport, qui intervient dans un contexte de situation économique pour le moins difficile, elle s’alarme des déficits budgétaires et des niveaux d’endettement élevés et persistants.
La situation économique du Sénégal n’est pas au beau fixe. D’après un rapport de la Banque mondiale, la pandémie de Covid-19 et le conflit en cours en Ukraine ont causé d’importants chocs des termes de l’échange, affectant sensiblement la croissance pour 2022 et entraînant «des déficits budgétaires et des niveaux d’endettement élevés et persistants, avec une marge de manœuvre limitée». «Les estimations affichent un ralentissement de la croissance du PIB réel à 4,2 % en 2022, par rapport aux 5,5 % prévus avant les chocs», souligne le rapport. «La hausse des prix alimentaires et de l’énergie, les perturbations des échanges commerciaux et une plus grande incertitude ont fait baisser l’investissement privé. Les mêmes canaux de transmission ont contribué à une poussée inflationniste depuis début 2022, qui a atteint son niveau le plus haut depuis des décennies avec 14,1 % en glissement annuel enregistrés en novembre 2022, suivie d’un ralentissement à 9,4 % en février 2023», poursuit la Banque mondiale qui note que l’inflation moyenne est estimée à 9,6 % pour 2022, en augmentation par rapport aux 2,2 % de 2021, entraînée par la hausse des prix alimentaires de 15 % en moyenne pour 2022, contre 2,9 % en 2021.
Le redressement économique devrait être progressif, selon la Banque mondiale qui indique les réformes prévues par le Pse doivent être renforcées pour permettre à la croissance de renouer avec sa trajectoire d’avant la pandémie.
Le gouvernement compte sur l’exploitation des ressources naturelles pour sortir la tête de l’eau. Le premier gaz et le premier baril de pétrole de ces projets, attendus en 2023, permettront de renforcer les marges de manœuvre budgétaires, avec de nouvelles recettes fiscales et non-fiscales, et de consolider la position extérieure, avec l’augmentation significative des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) et la réduction des importations de pétrole, la demande domestique étant satisfaite par notre propre production, selon l’ancien ministre des Finances et du Budget Abdoulaye Daouda Diallo. «Un taux de croissance à deux chiffres, projeté à 13,7 % est attendu dès 2023, avec le début d’exploitation des hydrocarbures», avait-il déclaré. Mais la Banque mondiale soutient que les projets pétroliers et gaziers ont été reportés en raison de la crise sanitaire et ne devraient pas contribuer aux recettes et aux exportations «avant 2035». La Banque mondiale a approuvé dernièrement un crédit d’un montant de 300 millions de dollars pour soutenir les réformes de politiques publiques du Sénégal visant à soutenir une relance équitable et résiliente mais aussi à stimuler une croissance économique durable et inclusive.
Charles Gaïky DIENE