Le président Macky Sall a, sans doute, battu le record de ses prédécesseurs en termes d’endettement. Dans sa question économique hebdomadaire, le député et économiste Mamadou Lamine Diallo révèle qu’en 12 ans, il a emprunté 12000 milliards de francs. Et à l’en croire les 2/3 de cette manne financière sont allés dans de mauvais investissements, la corruption et les flux financiers illicites.
Le Sénégal a emprunté en 12 ans, sous le régime du président Macky Sall, la somme de 12 000 milliards de francs, soit en moyenne 1 000 milliards par an, avec un taux d’intérêt en général de 6 %, selon le député Mamadou Lamine Diallo dans sa question économique hebdomadaire. Ancien conseiller du président Macky Sall, Arona Coumba Ndoffène Diouf déclarait au mois d’avril que le Sénégal est très endetté. Selon lui, en 2021, le montant de la dette était de 9 478 milliards et représente le montant de la dette la plus élevée des 23 dernières années de l’histoire du Sénégal. Rapporté au nombre d’habitants, dit-il, cela correspond à un endettement de 561 492 FCfa.
«Le service de la dette représente le montant payé chaque année pour le remboursement de celle-ci. Et au titre de l’exercice 2022, il s’élève à 1 693,9 milliards FCFA. Ce qui n’a donc rien à voir avec les montants avancés par certains parlementaires. La politique de l’endettement du Sénégal est saluée par les meilleurs juges, les prêteurs eux-mêmes», avait déclaré le ministre des Finances et du Budget au mois de novembre de l’année dernière. Selon lui, le pays a la capacité de faire face à ses échéances à court, moyen et long termes.
«La question que l’on se pose, c’est de savoir si les jeunes ont senti ces prêts. A notre avis, non. Les jeunes ne le sentent pas, parce que ce que l’on attend d’un prêt, c’est un bon investissement et malheureusement tel n’est pas le cas», dit-il ajoutant que les infrastructures doivent servir à créer des industries et des emplois pour lutter contre le chômage. «Au finish, peu d’emplois créés par l’économie. Sur 200 à 300 000 demandeurs d’emplois chaque année, 20 à 30 000 sont recrutés. Ce qui explique le désarroi et le désespoir de la jeunesse. Elle commence à perdre confiance en la classe politique minée de combines», poursuit le député de Tekki.
Ce dernier qui a déclaré sa candidature à la prochaine élection présidentielle, souligne que seulement le 1/3 de cet argent est allé dans de bons investissements, comme par exemple les ponts de Rosso et de la Gambie qui favorisent l’intégration africaine et la circulation des biens et des personnes. Le deuxième 1/3, toujours d’après lui, est allé dans de mauvais investissements comme le Centre de conférences Abdou Diouf de Diamniadio (Cciad). Enfin, à l’en croire, le troisième 1/3 de ces 12 000 milliards va dans la corruption et les flux financiers illicites. «Prenez l’exemple du building Mamadou Dia, tout l’argent investi dans cet immeuble aurait pu créer deux building. Les gens empruntent de l’argent pour construire des infrastructures qui favorisent la corruption», poursuit le député. Selon lui, pour les infrastructures, qui est l’axe de la politique de Macky Sall, c’est selon; tout dépend du type, de son orientation, de sa qualité, du coût et de son mode de financement. Ce dernier, qui est par ailleurs économiste, affirme que le «Vieux Niasse» qui s’accroche à Macky Sall, pour on ne sait quelle raison, a eu une formule malheureuse: on ne mange pas la croissance. «Évidemment ce n’est pas exact. La croissance se mange au moment de sa création, entre les travailleurs, les entreprises locales, les entreprises étrangères et l’Etat évidemment», martèle le leader de Tekki.
Charles Gaïky DIENE