L’annonce du chef de l’Etat d’ouvrir des enquêtes judiciaires pour élucider les circonstances des décès des dernières manifestations, ne rassure pas les défenseurs des droits humains. Ces derniers doutent de la sincérité de l’Etat d’aller jusqu’au bout, au regard des dossiers de mars 2021 et de 2022, qui sont au point mort.
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a annoncé, lors de la dernière réunion du conseil des ministres, l’ouverture d’une enquête sur les dernières manifestations ayant causé la mort de 16 personnes. Rien de nouveau sous les cieux, d’après des défenseurs des droits de l’homme interrogés par WalfQuotidien. Selon l’avocat Me Amadou Diallo, aucune confiance ne peut être accordée à l’annonce du président de la République. Ce dossier de plus, estime-t-il, risque d’être classé comme les autres dans les tiroirs. «Son discours n’a jamais rassuré. Les enquêtes ouvertes sur les bavures des manifestations de mars 2021 n’ont pas abouti. L’Etat ne fait absolument rien pour faire avancer les choses», se désole cet avocat inscrit au barreau du Sénégal. «Nous attendons des actes concrets», impose-t-il.
Me Amadou Diallo qui doute de la sincérité du président de la République sur cette affaire, indique que tous les dossiers de victimes de violences durant des manifestations réprimées, remplissent les cabinets d’instruction. Ce qui lui fait penser que l’Etat ne veut pas poursuivre des forces de l’ordre souvent citées comme présumées auteurs de cas de morts dans les affrontements. «Il y a une sorte d’opposition non affirmée de l’Etat à poursuivre les enquêtes ouvertes. Les forces de défense et de sécurité se disent comme rien n’a été fait avant, elles sont rassurées», dit-il
Pour sa part, Seydi Gassama estime que l’Etat, avant de prendre une décision sur cette nouvelle affaire, devra d’abord vider les enquêtes judiciaires ouvertes sur la mort des onze manifestants entre 2011 et 2012, des 14 décès en mars 2021, de Fallou Séne, etc. Comme l’avait suggéré Me Sidiki Kaba, à l’époque Garde des Sceaux, ministre de la Justice, le directeur exécutif de Amnesty/Sénégal invite l’État à créer «une commission d’enquête indépendante et impartiale pour faire la lumière sur la mort de plus 20 Sénégalais survenue ces derniers jours, sur la présence des nervis armés pendant les manifestations et faire des recommandations pour des poursuites judiciaires». «Les enquêtes judiciaires ont presque toujours abouti au classement sans suite des affaires de meurtre, torture et mauvais traitements commises par les forces de défense et de sécurité. L’impunité est un cancer qui détruit la confiance des Sénégalais en l’institution judiciaire», aindiqué Seydi Gassama sur twitter.
Salif KA