L’ouverture d’une information judiciaire contre le journaliste Pape Ndiaye, bientôt deux mois en détention, irrite les acteurs de la presse. Dans un communiqué rendu public, ils annoncent des actions pour le tirer de griffes de Dame justice.
La détention du journaliste Pape Ndiaye, en prison bientôt deux mois, est assimilable à un musèlement de la presse. Ni plus, ni moins, selon la Coordination des associations de presse (Cap), qui alerte le chef de l’Etat sur un probable recul de la liberté d’expression. Ces acteurs des médias menacent de descendre dans la rue pour dénoncer cette forme de privation de liberté du journaliste. «Les organisations faitières membres de la Cap n’excluent pas, après le 3 mai prochain, d’enclencher un intense plan d’action pour obtenir la libération de Pape Ndiaye. Elle ne comprend pas et ne peut accepter que le journaliste soit maintenu en prison pour une information judiciaire alors que les propos qu’il a tenus sont clairs, disponibles et ne nécessitent aucune enquête supplémentaire. Tout au plus, cette affaire relève du flagrant délit», déplorent Ibrahima Faye et ses confrères dans un communiqué.
Selon eux, la Cap réaffirme sa détermination pour une liberté de presse mais aussi pour l’exercice responsable et professionnel du métier de journalisme sous tous ces aspects. «Elle œuvre pour cet idéal et les projets d’assises nationales des médias vient confirmer cette ambition. La Cap invite l’Etat du Sénégal à participer activement à ces assises car les médias sont incontournables dans une société démocratique», recommandent-ils dans le document parvenu à WalfQuotidien. «Le Sénégal s’apprête, à l’instar de la communauté internationale, à célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse prévue le 3 mai de chaque année. Notre pays risque encore de s’illustrer de la pire des manières. En effet, pour la première fois de l’histoire du Sénégal, depuis de très longues années, cette date très symbolique pour tous les acteurs des médias va trouver un journaliste en prison. Notre confrère et chroniqueur judiciaire, Pape Ndiaye bouclera ainsi deux mois de détention», ajoute le document.
Ne pas mettre de l’huile sur le feu
D’après la Cap, les faits pour lesquels le journaliste du groupe Walfadjri est en prison méritaient tout au plus un démenti, un communiqué du parquet ou une saisine du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored). Et que le tribunal des pairs n’aurait aucun mal à le sanctionner sévèrement si véritablement il est fautif. «La Cap est très préoccupée par cette situation. Elle s’inquiète de la forte propension des autorités étatiques à priver de liberté des professionnels des médias, en dépit des engagements du chef de l’Etat, Macky Sall qui disait sur la scène internationale que ‘durant son magistère à la tête du pays, jamais un journaliste ne sera emprisonné’», se désolent les acteurs de la presse. Sur le cas Pape Ndiaye, poursuit le communiqué, la Cap a volontairement pris l’option de ne pas mettre de l’huile sur le feu. L’atmosphère politico-sociale, lit-on, est très chargée avec des tensions qui peuvent constituer une menace pour la stabilité de notre cher pays. Pour eux, l’organisation avait privilégié la voie du dialogue et des négociations. «C’est ainsi que des rencontres avec des autorités politiques et judiciaires ont été sollicitées. Des courriers ont été également transmis à tous ces responsables publics concernés par le dossier. La Cap se désole que les promesses et les engagements pris tardent à se matérialiser. La grève d’une partie des travailleurs de la Justice semble en être l’obstacle», estiment les acteurs des médias. Selon qui, la Cap est d’avis que cette grève ne saurait être une entrave à une libération rapide du journaliste dans la mesure où le temple de Thémis continue de fonctionner correctement. «Des placements sous mandat de dépôt se font, des individus sont élargis chaque jour et certains actes sont exécutés quelles que soient les difficultés», laissent-ils entendre.
Salif KA