Suite aux propos racistes du président Kais Saied tenus à l’endroit des migrants subsahariens, la Banque mondiale a décidé de suspendre ses travaux avec la Tunisie. Au même moment, l’appel au boycott de produits d’origine tunisienne est lancé dans certains pays africains.
Les mesures d’apaisement des autorités tunisiennes à l’endroit des migrants ne font pas baisser la colère. Et la Tunisie continue de payer pour les turpitudes de son Président, Kais Saied. Désormais, après le départ de plusieurs migrants subsahariens du pays de Habib Bourguiba, qui va sans doute laisser un manque à gagner, c’est la Banque mondiale qui annonce une mauvaise nouvelle pour la Tunisie. L’institution de Bretton Woods qui ne cautionne pas les propos déplacés du Président tunisien sur les migrants subsahariens, a tout bonnement pris la décision de suspendre ses travaux avec la Tunisie. «Dans la note, envoyée dimanche soir, le président de la Banque mondiale a déclaré que la banque suspendait le cadre de partenariat avec la Tunisie et avait reporté une réunion du conseil d’administration du 21 mars pour examiner un nouvel engagement stratégique avec le pays jusqu’à nouvel ordre», indiqué le président de la banque au personnel dans une note consultée par Reuters. La Banque mondiale considère les mesures annoncées par le gouvernement tunisien pour protéger et soutenir les migrants et les réfugiés comme «positives». Elle affirme qu’elle reste attentive et surveillera l’impact des nouvelles mesures gouvernementales tunisiennes.
Effet boomerang
Dans sa Charte contre le racisme, la Banque mondiale s’engage à appliquer la tolérance zéro à l’égard du racisme et de la discrimination raciale sous toutes leurs formes et dans tous les contextes. L’institution reconnaît que le racisme et la discrimination raciale sont moralement condamnables, «contraires à ses valeurs fondamentales et illégaux en vertu du droit international et des lois de la plupart de ses pays membres». Le 21 février dernier, le président tunisien Kaïs Saïed avait prôné des «mesures urgentes» contre l’immigration clandestine de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne. Il affirmait que leur présence en Tunisie était source de «violence, de crimes et d’actes inacceptables» et serait même l’œuvre d’un complot «pour changer la composition démographique de la Tunisie», afin qu’elle soit considérée comme un pays «africain seulement» et estomper ainsi son caractère «arabo-musulman». Malgré le rétropédalage des autorités tunisiennes, qui annoncent de nouvelles mesures pour faciliter les procédures de séjour des étudiants subsahariens et assouplir celles pour les départs volontaires de migrants irréguliers vers leur pays, l’image de la Tunisie est écornée. Selon Anis Jaziri, président du Conseil d’Affaires Tunis-Africain, le blocage des marchandises tunisiennes dans certains ports africains se fait sentir. S’y ajoutent des annulations de commandes et même de marchés, des campagnes de boycott de produits tunisiens, de la réorientation des patients vers d’autres destinations, du retour de dizaines d’étudiants pourtant en situation régulière dans leurs pays, d’annulation de voyage de plusieurs hommes d’affaires subsahariens, annulation de missions, salons, forums…
Baba MBALLO