Dans ce pays, épicentre du séisme qui s’est produit près de Gaziantep, non loin de la frontière syrienne, le bilan a monté à 2.379 morts et près de 15.000 blessés, selon un bilan officiel provisoire. En Syrie voisine, il s’élève à au moins 1.444 morts et plus de 3.500 blessés, selon le gouvernement et les secouristes, portant le total à plus de 3.800 morts et plus de 18.500 blessés.
Le déploiement des secours a permis d’extraire 7.840 personnes des décombres en Turquie, où près de 5.000 bâtiments sont complètement effondrés. Le bilan ne cesse de s’alourdir, un grand nombre de personnes restant piégées sous les bâtiments effondrés. La pluie et la neige, tombée par endroits en abondance, et la baisse des températures rendent la situation encore plus précaire.
Dans ces conditions, l’Organisation mondiale de la santé a dit s’attendre à un bilan final beaucoup plus élevé. « Nous voyons souvent des nombres huit fois plus élevés que les nombres initiaux », a dit à l’AFP une responsable des situations d’urgence du bureau européen de l’OMS, Catherine Smallwood.
La première secousse est survenue à 04H17 locales (01H17 GMT), dans le district de Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras (sud-est), à 60 km environ à vol d’oiseau de la frontière syrienne. Des dizaines de répliques ont suivi, avant un nouveau séisme de magnitude 7.5, à 10H24 GMT, toujours dans le sud-est de la Turquie, à 4 km au sud-est de la ville d’Ekinozu.
« Tout s’est effondré »
« Avec ma femme et mes enfants, nous avons couru vers la porte de notre appartement au troisième étage. Dès que nous l’avons ouverte, le bâtiment tout entier s’est effondré », a raconté Oussama Abdelhamid, un habitant d’un village syrien frontalier de la Turquie, soigné à l’hôpital Al-Rahma dans la ville de Darkouch. Il a « miraculeusement » survécu avec sa famille.
Dans ces zones tenues par les rebelles, frontalières de la Turquie au nord-ouest de la Syrie, on dénombre au moins 700 morts. Lundi, une vingtaine de combattants présumés du groupe Etat islamique (EI) ont profité du séisme pour s’évader d’une prison militaire à Rajo, contrôlée par des rebelles pro-turcs.
A Sanliurfa, ville du sud-est turc, au bord d’un grand boulevard, des dizaines de secouristes tentaient dans la soirée d’extraire des survivants d’un immeuble de sept étages réduit à néant. « Il y une famille que je connais sous les décombres », explique à l’AFP Ömer El Cüneyd, un étudiant syrien de vingt ans qui habite non loin de là.
Lundi soir, des habitants se préparaient à passer la nuit dehors, malgré des températures ressenties sous zéro degré, a constaté l’AFP. « Nous n’avons nulle part où aller, nous avons peur », a déclaré Mehmet Emin Kiliç, rassemblé autour d’un feu au pied d’un immeuble de son quartier avec sa femme, ses quatre enfants et d’autres membres de sa famille.
Les mêmes scènes étaient visibles dans la journée à Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie. « Ma sœur et ses trois enfants sont sous les décombres. Aussi son mari, son beau-père et sa belle-mère. Sept membres de notre famille sont sous les débris », y disait dans la matinée à l’AFP Muhittin Orakci, devant un immeuble effondré.
Le bilan risque encore d’évoluer dans les villes touchées, Adana, Gaziantep, Sanliurfa, Diyarbakir notamment. A Iskenderun et Adiyaman, ce sont les hôpitaux publics qui ont cédé sous l’effet du séisme, survenu à une profondeur d’environ 17,9 kilomètres.
« Apocalypse »
Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul. Les intempéries qui frappent cette région montagneuse paralysent les principaux aéroports autour de Diyarbakir et Malatya, où il continue de neiger très fortement, laissant les rescapés hagards dans le froid.
Partout les habitants se mobilisent et tentent de dégager les ruines à mains nues, utilisant des seaux pour évacuer les débris. A Hama, en Syrie, les secouristes et civils extraient à la main, aidés d’engins lourds, les corps des victimes sous les décombres, dont celui un enfant, a constaté l’AFP.
A Jandairis (nord-ouest), un homme, effondré, pleure la mort de son fils, un tout petit garçon emmitouflé dans un anorak, qu’il serre dans ses bras. « Ya Allah, Ya Allah » (mon Dieu), sanglote l’homme en baisant le front de son fils.
Plus de quarante habitations se sont effondrées comme un château de cartes dans cette localité frontalière de la Turquie. « Toute ma famille est sous les décombres. Mes fils, ma fille, mon gendre, il n’y a personne pour les retirer », souffle un autre homme, Ali Battal, des traces de sang sur le visage.
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