Ça se corse pour le patriote en chef. En plus des délits de «diffamation et injures publiques», on y a greffé le délit de «faux et usage de faux». C’est son conseiller Me Ciré Clédor Ly qui en a fait l’annonce.
Plus qu’un procès en diffamation, le pouvoir est dans une entreprise d’élimination de Ousmane Sonko de la course à l’élection présidentielle de février 2024. C’est du moins, l’avis de son avocat, Me Ciré Clédor Ly qui a annoncé que le délit de «faux et usage de faux» a été ajouté au dossier du leader de Pastef qui a déclaré sa candidature à cette élection. D’après lui, cette dernière accusation a été retenue expressément pour écarter Ousmane Sonko de la prochaine présidentielle. «Je n’ai jamais vu un juge faire perdre à une personne ses droits civiques pour diffamation. En cas de condamnation, la perte de droit civique n’est pas automatique. Et ici, la diffamation est une infraction politique», dit-il dans un entretien accordé à Dakaractu. Avec l’introduction du faux, précise la robe noire, le juge peut enlever à Ousmane Sonko ses droits civiques, avec à la clé une condamnation de 5 ans.
Pour lui, pas de doute, le parquet a voulu corser le dossier de Sonko pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2024. Car, en cas de condamnation, il pourrait être rattrapé par la loi n°2021-23 du 02 mars 2021 portant code électoral sénégalais en son article 29 et 30. Article L.29. L’article stipule : «Ne doivent pas être inscrits sur la liste électorale : 1° les individus condamnés pour crime ; 2° ceux condamnés à une peine d’emprisonnement sans sursis ou à une peine d’emprisonnement avec sursis d’une durée supérieure à un mois, assortie ou non d’une amende, pour l’un des délits suivants : vol, escroquerie, abus de confiance, trafic de stupéfiants, détournement et soustraction commis par les agents publics, corruption et trafic d’influence, contrefaçon et en général pour l’un des délits passibles d’une peine supérieure à cinq ans d’emprisonnement».
Quand Sonko se joue des forces de sécurité
Attendu, hier, au tribunal dans le différend l’opposant au ministre Mbaye Niang, Ousmane Sonko s’est joué de son accusateur et des forces de défense et sécurité mobilisés en masse à la Cité Keur Gorgui. Sonko n’a non seulement pas répondu à la convocation, mais il s’est rendu au Cices où se tient le salon de l’agriculture. Auparavant, il s’est pavané dans les rues et ruelles de la Cité Gorgui avec son ballon de football. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, on le voit relax dans son jogging en compagnie de son chef de sécurité et de sa garde rapprochée sous le regard des forces de l’ordre déployées en nombre dans les lieux depuis avant-hier. Installées en nombre, policiers et gendarmes ont quadrillé la Cité Keur Gorgui en y installant des check point. Il faut montrer patte blanche pour circuler. Pour les journalistes, c’est la croix et la bannière pour faire son travail. Ils ont été parqués, repoussés et gazés par les forces de l’ordre. Devant la pression des policiers et gendarmes, des affrontements ont finalement éclaté avec des jets de pierres de jeunes manifestants et des gendarmes qui ont usé de leurs gaz lacrymogènes dans la cité et aux alentours du l’autopont de Keur Gorgui.
Magib GAYE