Après avoir traité les Africains de France de tous les noms et les avoir pris pour responsables de beaucoup de choses, voilà que le Rassemblement national de Marine Le Pen vient faire la danse du ventre dans leurs pays d’origine, en commençant par Dakar pour soigner sa stature internationale. Mais en acceptant que la cheffe de file de Rn défile dans son pays avec son trouble langage, Macky Sall risque de courroucer ses compatriotes, sa Diaspora, l’Afrique mais également Emmanuel Macron.
Migrations du discours du Front national, pardon du Rassemblement national ? Habitué aux diatribes contre les immigrés en France dont elle accuse de tous les maux de son pays, voilà que la fille de Jean Marie Le Pen entreprend de polir son image sur le continent noir. Et commence par le pays de Senghor pour y prêcher ses bonnes paroles. En effet, surpris ont été nombre de Sénégalais et même de Français qui sont tombés sur l’article du journal français Le Point qui annonce la visite de la cheffe de file du RN au pays de Macky Sall pendant trois jours, à partir de ce lundi, pour y développer sa vision d’un «co-développement euro-africain». Un trouble langage qui prouve que la candidate deux fois malheureuse à la dernière élection présidentielle française devant Emmanuel Macron a décidé de diluer son vin, se rendant compte que les discours racistes et haineux de certains de ses camarades ne passent pas au sein de l’opinion de son pays.
Dans une Tribune publiée hier lundi dans le quotidien L’Opinion, selon Le Point, Marine Le Pen détaille les ambitions de son déplacement. «La France et le Sénégal peuvent devenir les deux moteurs d’une relation de confiance retrouvée entre l’Europe et l’Afrique. […] A nous de peser ensemble, à l’Omc comme dans les négociations de bloc à bloc, pour réussir cette conciliation complexe de l’équilibre des sociétés avec les exigences d’une croissance soutenable». Mieux, lors de l’entre deux tours de la dernière Présidentielle française, Le Pen fille, voulait offrir au Sénégal un siège au Conseil de sécurité de l’Onu. «Si je suis élue présidente, j’influerai pour qu’un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies soit attribué au Sénégal, pays sage et respecté de la grande Afrique», disait-elle en le présentant comme un pays modèle sur l’échiquier international.
Mais, si comme le disent nos confrères, le choix du «pays de la Téranga» pour quelques semaines encore à la tête de l’Union africaine n’a rien d’anodin, force est de constater qu’il est troublant. Car, le pays est en année préélectorale et la situation est tendue entre le Président sortant et l’opposition à propos de la troisième candidature dont on prête l’intention à Macky Sall.
Ainsi, si les autorités sénégalaises sont au courant de cette visite et l’ont bénie, c’est qu’elles jouent avec le feu. En effet, au niveau local, cela risque d’aggraver le sentiment de rejet de la population jeune du pays, généralement candidate à l’émigration vers l’Europe. Et qui a vu des dizaines d’entre eux rester dans les eaux de la Méditerranée. Ces jeunes-là devraient, sans doute, pas pardonner à leurs dirigeants de laisser ceux qui œuvrent à briser leurs rêves, se pavaner dans nos pays et y faire leur striptease.
De plus, avec ses 89 députés à l’Assemblée nationale française, Mme Le Pen est en train de pourrir la vie à l’actuel locataire de l’Elysée, Emmanuel Macron. Lequel ne devrait pas voir d’un bon œil ce coup de couteau de Sall dans le dos. Car, même si Macky ne la reçoit pas, personne ne croira qu’il n’était pas au courant parce qu’elle est dans son pays. Ce qui peut signifier qu’elle a eu quelque part le feu vert auprès des autorités avant d’entamer ce périlleux voyage. Parce qu’en 2021, Valérie Pécresse, candidate de la Droite française avait, selon plusieurs sources, séjourné au Sénégal pour y délivrer un message à partir de Saint-Louis. Ce à quoi, rapportent certaines sources, le gouvernement de Macky Sall avait donné une fin de non recevoir, pour ne pas s’immiscer dans l’élection présidentielle française.
Seyni DIOP