C’est parti pour un bras de fer entre transporteurs publics de voyageurs du secteur privé et le gouvernement. En effet, en application des décisions issues du Conseil interministériel sur la sécurité routière tenue à Diamniadio, au lendemain du tragique accident de Sikilo (Kaffrine) qui fait désormais 42 morts et 98 blessés, le gouvernement a pris un arrêté interministériel n°000637 du 11 janvier 2023 interdisant la circulation interurbaine des véhicules de transport public de personnes de 23 heures à 5 heures du matin et un arrêté ministériel n°000902 du 13 janvier 2023 portant interdiction des porte-bagages (avec un moratoire d’un an) et de transformation des véhicules de transport public de voyageurs pour ajouter des places assises (Versailles). Suffisant pour déclencher l’ire des transporteurs du privé qui annoncent déjà, à compter de demain, mardi 17 janvier 2023, à minuit, une grève illimitée pour faire reculer le gouvernement.
Vers une paralysie du secteur du transport public de voyageurs ! Au sortir d’une rencontre avant-hier, samedi 14 janvier 2023, les transporteurs ont décidé, à compter de ce mardi 17 janvier 2023, à minuit, de décréter une grève illimitée. L’annonce a été faite par le secrétaire général du Syndicat des travailleurs routiers du Sénégal affilié à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), Alassane Ndoye. Ils protestent ainsi contre les 22 mesures décidées par l’Etat, après l’accident meurtrier de Sikilo à l’origine de plus d’une quarantaine de morts et de plusieurs dizaines de blessés dont certains grièvement. Une «arme» de la grève que les syndicalistes comptent utiliser pour obtenir à faire reculer l’Etat qui semble décidé à traduire en acte ses mesures contre l’insécurité routière et arrêter l’hémorragie sur les routes du Sénégal, causée par des accidents dont la principale cause est une défaillance humaine : l’indiscipline et le non-respect du Code de la route… En atteste, 72 heures après la tenue du Conseil interministériel sur les accidents et la sécurité routière, tenu le lundi 9 janvier 2023 à Diamniadio, le gouvernement a commencé à traduire en acte les 22 mesures conclues.
A travers un arrêté interministériel n°000637 du 11 janvier 2023 fixant les horaires de circulation interurbaine des véhicules de transport public de personnes, signé par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique et celui des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, le gouvernement décrète l’interdiction du transport public interurbain de personnes, entre 23 heures et 5 heures du matin.
Par conséquent, les heures d’ouverture et de fermeture des gares routières interurbaines publiques et privées pour le transport public de personnes sont fixées à 5 heures du matin et 23 heures. Aussi, durant ces heures d’interdiction de circulation de ces véhicules, l’arrêt et le stationnement sur les axes interurbains sont interdits. Mieux, les véhicules concernés ne sont autorisés à stationner que dans les gares routières ou parking réservés à cet effet.
L’autre acte posé par l’Etat, dans sa volonté d’aller en croisade contre les accidents de la circulation est la prise, par le ministre de Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, d’un arrêté (ministériel) n°000902 du 13 janvier 2023 portant interdiction de transformation des véhicules de transport public de voyageurs. Un texte qui interdit les porte-bagages (avec un moratoire d’un an) et l’augmentation de places assises (notamment des Versailles) dans ces voitures de transport en commun.
En outre, au sortir de cette rencontre des transporteurs, les syndicalistes ont annoncé la hausse prochaine du prix du transport. Ce que confirme déjà l’Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu), qui a rendu public un communiqué sur l’augmentation de ses grilles tarifaires à partir de ce lundi 16 janvier.