Dans la foulée des réactions suite à l’accident d’hier, le ministre des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye, a annoncé à Kaffrine de nouvelles mesures visant à lutter contre les accidents de la circulation. Cette annonce vient s’ajouter à la batterie de décisions annoncées à la hâte, il y a quelques années, mais qui n’ont jamais été effectives.
Les autorités publiques sont promptes, à la suite d’évènements douloureux, à prendre des décisions. C’est le cas lorsqu’il y a des accidents de la circulation. Des mesures pour lutter contre le drame routier sont toujours brandies, à chaque fois de besoin, mais presque jamais mises en œuvre. Dans les terroirs des ministères en charge du secteur du transport public, une panoplie de décisions y est confinée. Entre renouvellement du parc automobile, restriction sur l’obtention d’un permis de conduire, mesures sur le contrôle technique, le durcissement des sanctions, autant de mesures qui souffrent d’application.
Les gouvernants attendent des évènements tragiques, comme celui survenu, hier, à Kaffrine, pour les remettre en orbite. «Il n’y a qu’un seul centre de contrôle technique et il se trouve à Dakar. Les régions n’en ont pas. Donc les véhicules qui s’y trouvent ne font pas l’objet d’une vraie visite. On colmate çà et là pour après délivrer le feu vert», a réagi, hier, Mansour Faye, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement. Un aveu de taille sur le laxisme manifeste concernant les contrôles techniques des véhicules. Alors que des mesures en ce sens dorment dans les tiroirs. «Le processus des ouvertures de centres techniques va être finalisé dans deux semaines au plus tard, c’est une urgence», promet-il. Attendons la réalisation, comme d’autres annoncées il y a quelques années, de cette promesse.
«Revoir ces visites techniques avec une rigueur extrême…»
Le président de la République, en mars 2017, avait pris d’importantes mesures suite à l’accident survenu à Saint-Louis, sur la Rn2. L’accident avait fait 15 morts sur le coup et 8 blessés dont trois avaient finalement rendu l’âme. «Nous avons atteint les limites de la tolérance», avait-il lancé en annonçant un certain nombre de mesures pour y mettre un terme dont l’arrêt de la mise en circulation des vieux véhicules. «Cet accident qui a encore mis en cause un car de transport public et un camion-citerne de transport de carburant montre qu’on a dépassé les limites en matière de tolérance. Et le moment est venu de prendre toutes les mesures que requiert la situation d’une part vis-à-vis du parc automobile sur la nécessité de procéder momentanément au retrait de la circulation de tous ces véhicules qui, présentement, ne devaient jamais disposer de visite technique leur permettant de circuler et de transporter des personnes. Revoir ces visites techniques avec une rigueur extrême, revoir avec les professionnels du transport, les transporteurs eux-mêmes, les chauffeurs à travers leurs associations et l’administration les modalités de repassage ou alors les modalités de formation momentanée des conducteurs afin de rappeler les dispositions pertinentes du Code de la route», avait souligné Macky Sall. Rien depuis lors.
Permis à points, combattre l’indiscipline…
Il avait, en même temps, fait savoir que d’autres mesures seront prises dans le sens d’éviter ces accidents récurrents dont l’élargissement des corridors de la route constituant le corridor Dakar Bamako. «D’autres mesures seront prises, car cela ne peut pas continuer», avait-il soutenu. Il avait reconnu: «la route était devenue tellement dangereuse que les populations ont peur de la prendre parce que pouvant y laisser leur vie, et cela n’est pas acceptable».
En février 2018, à la suite de 11 morts dans une collision entre deux véhicules, le gouvernement du Sénégal avait décidé d’interdire «prochainement» la circulation interurbaine entre 22 heures et 6 heures, pour lutter contre la récurrence des accidents de circulation la nuit. La mise en place du permis à point «à partir du second semestre 2018 afin de combattre l’indiscipline sur les routes» avait également annoncée. C’est toujours comme ça. A chaque évènement malheureux, on pleure, on se lamente, on prend des mesures, puis on oublie tout une semaine après. Le transport public souffre d’un problème réel et de sécurité routière évidente au Sénégal. A chaque drame, le chef de l’Etat et son ministre des Transports annoncent des mesures drastiques et menacent les chauffeurs jusqu’au prochain drame.
Salif KA