Le boycott des alliés de Wallù et la sortie de Fraternité républicaine condamnant le concert de casseroles du 31 décembre 2022, jour de la Saint Sylvestre, n’ont eu aucun effet sur l’ardeur des contestataires de la 3ème candidature. Le concert de casseroles décrété par la conférence des leaders de Yewwi Askan Wi a, en effet, été largement suivi dans pratiquement tous les quartiers de Dakar par le bruit des ustensiles de cuisine, des klaxons de véhicules… L’objectif semble être atteint par les badauds et riverains qui ont pris d’assaut la rue avec leurs instruments rendant du coup inaudible le discours à la Nation prononcé à la même heure par le chef de l’Etat. Ça a sonné de partout créant sur certaines artères comme l’avenue Bourguiba et le rond-point JVC des embouteillages monstres. Sur sa page facebook, le patriote en chef a salué la réussite de l’événement. «Je voudrais saisir ce moment pour remercier les Sénégalaises et Sénégalais qui ont massivement participé au concert de casseroles de ce jour. Tous ensemble, nous avons, à travers cette expression populaire, montré que nous sommes le Peuple. Vous avez surtout désigné, sans équivoque et souverainement, la relève que vous souhaitez pour ce beau pays !», se réjouit Ousmane Sonko. Le maire de Dakar s’est également illustré dans ce concert de casseroles par des images sur sa page facebook pour dénoncer l’emprisonnement de militants de l’opposition, le pillage des deniers publics… «Un grand merci à tous pour votre présence! Restons concentrés…2023 sera l’année de la mobilisation!
Ensemble, marchons vers «L’essentiel», dénonce Barthélémy Dias. Quant au responsable des cadres de Pastef les Patriotes, Bassirou Diomaye Faye, il trouve que «le retentissant succès du concert de casseroles de ce 31/12/2022 est la preuve que la porte de sortie s’est considérablement rétrécie. Qui pour le raisonner afin de le sauver d’une plus grande humiliation?».
La banlieue n’était pas en reste. Le mot d’ordre du concert de casseroles donné par la Coalition Yewwi askan wi (Yaw) y a été très bien suivi, notamment dans certaines localités de Dakar dont Parcelles assainies, Patte d’Oie. Car partout où nous sommes passés, les ustensiles de cuisine ont retenti en signe de rejet de la troisième candidature de Macky Sall et pour dire halte à la cherté de la vie. Des klaxons de motos ou de véhicules particuliers ou de transport en commun ont accompagné le maire de Guédiawaye, Ahmed Aïdara.
Agé d’une quarantaine d’années et rencontré sur la grande route des Parcelles, Mbaye Dione, tenant une marmite, interrogé, exprime sa déception envers le régime. «Macky nous as habitués à des discours vides. Chaque année, il dit la même chose. Pour les denrées, il avait annoncé des mesures. Mais aujourd’hui, son gouvernement a encore exprimé son impuissance. C’est pourquoi, nous lui disons non à une troisième candidature qui est anticonstitutionnelle».
Enseignante de profession, Thérése Ndiaye lui emboîte le pas. «Macky n’a pas droit à un troisième mandat. De plus, il m’a fait passer un Noël sans salaire. Pour les denrées dont il avait annoncé la baisse, elles sont devenues plus chères», di-elle. Et Fallou Diop, chauffeur de taxi rencontré au rond point Case-Bi d’y aller de son diagnostic : «Tous les secteurs du pays sont à genoux. Celui du transport est mécontent de Macky Sall. Ce concert de casseroles prouve que Macky Sall est en fin de règne.»
Même ambiance à Golf-Sud et à Pikine où les bruits de marmites et de klaxons ont retenti pour dire non à une troisième candidature de Macky Sall.
Retraité de son état, le vieux El Hadji Seck crie son désarroi. «Le président doit se faire une lecture de la situation : les populations ne veulent plus de lui. Même moi qui suis âgé de 70 ans, je sors avec cette marmite pour déplorer le mépris de ce régime envers les personnes du troisième âge. Des scandales se succèdent à l’Ipres. Le Président est dans son silence. Pourquoi ? Depuis 2018 lors de la conférence sociale, on nous avait promis une hausse. Mais aujourd’hui, on est 2023. Rien du tout. Moi, je donne la note zéro à Macky et ses collaborateurs sur la politique envers les personnes du troisième âge», dit-il.
Théodore SEMEDO