Deux cent cinquante milliards de francs Cfa. C’est la manne financière versée par la société minière Sabodala Gold Operations (Sgo) à l’Etat du Sénégal en guide de contribution économique dans le Pib en 2021.
L’exploitation des gisements d’or de Sabodala et de Massawa génère une manne financière importante pour l’Etat du Sénégal. En effet, rien qu’en 2021, la société minière Sabodala Gold Operations (Sgo) a contribué à hauteur de 250 milliards de francs Cfa dans le Pib du pays. C’est ce que renseigne le rapport 2021 rendu public, hier, à Dakar. «Nous avons présenté à l’opinion le rapport de la contribution économique du groupe Endeavour minig qui est la maison mère de la filiale sénégalaise Sabodala Gold Operations qui exploite les gisements de Sabodala et de Massawa dans la région de Kédougou. Donc, cette année comme nous le faisons régulièrement nous avons décidé de présenter la première fois dans nos pays d’accueil notre rapport de contribution économique et fiscale dans les pays où nous exploitons ces mines d’or. Au Sénégal, il s’agit au total de 250 milliards de francs Cfa en 2021 que nous avons contribué dans le Pib du pays», révèle Abdoul Aziz Sy, directeur général de Sabodala Gold Operations (Sgo).
Abdoul Aziz Sy ajoute que pour la contribution destinée au paiement de leurs fournisseurs, traitants et prestataires de services basés au Sénégal, elle s’élève à 169 milliards. En ce qui concerne les impôts, les droits de douanes, les taxes, c’est 56 milliards de francs Cfa qui sont versées directement au Trésor public.
Seulement cette manne financière n’a pas réellement un impact positif sur les conditions de vie des populations locales. D’ailleurs, le président du Conseil départemental de Saraya, Moussa Danfakha, a profité de cette rencontre pour interpeller les responsables de la société minière et l’Etat du Sénégal. «Nous ressentons les effets de cette contribution économique mais faiblement. On aurait souhaité que dans les 250 milliards de francs Cfa qui sont injectés dans l’économie du pays que les populations les plus impactées puissent sentir cette manne financière», plaide M. Danfakha.
Les populations locales ne voient que de la poussière
Ce dernier soutient que les entreprises locales rencontrent d’énormes difficultés pour répondre aux exigences des sociétés minières. Il demande leur capacitation pour qu’elles puissent capter les marchés de la société minière. Mieux, estime-t-il, il ne suffit de les former, mais il faut un accompagnement à travers un fonds qui sera mis à leur disposition. Parce qu’on ne peut pas comprendre, s’indigne-t-il, qu’autant d’argent soit injecté dans l’économie du Sénégal et que le département le plus impacté ne puisse pas le ressentir malgré l’effort fourni par les sociétés minières. Il faudrait que l’Etat au niveau central puisse débourser ne se reste que 10 voire 20 % de ces fonds pour le département de Saraya, insiste-t-il. «C’est ce genre d’injustices qui créent souvent des frustrations au niveau local, parce que les gens souffrent énormément. Et nous voulons que ces injustices soient corrigées», martèle Moussa Danfakha.
«C’est vrai que c’est un chiffre important qui contribue significativement dans l’économie du Sénégal, mais il semblerait qu’au niveau local notamment à Saraya ou dans la région de Kédougou les populations n’y trouvent pas leur compte en termes d’amélioration des infrastructures et de formation des entrepreneurs et fournisseurs locales pour qu’ils puissent avoir des parts de marché et de revenus conséquents à partir de cette manne financière. Je suis d’accord avec lui», reconnait Abdoul Aziz Sy. Lequel rappelle que sur les 56 milliards de payés à l’Etat il y a 19 milliards qui constituent la redevance minière dans laquelle la loi prévoit que 20 % doivent retourner aux Collectivités territoriales. Malheureusement, regrette-il, «il y a toujours un délai au moment où on payait quelques années avant que les mécanismes de retour puissent avoir lieu. Il y a aussi 0,25 % du chiffre d’affaires qui devrait alimenter un fonds qui est mis à la disposition de ces Collectivités territoriales», souligne M. Sy.
Samba BARRY