Vice-président et chargé de la communication à la Fédération sénégalaise de karaté et disciplines associées (Fskda), Yatma Lô, se dit amer de l’attitude du ministère des Sports sur la prise en charge des karatékas en direction des championnats d’Afrique (28 novembre au 4 décembre 2022) et lors desquels le Sénégal a obtenu cinq médailles dont trois en argent et deux en bronze.
«C’est un bilan mitigé. Nos athlètes n’ont pas eu la préparation adéquate qu’ils voulaient. C’était compliqué. Et notre tournoi est arrivé au moment où personne ne pensait aux autres disciplines sportives. Tous les yeux étaient quasiment rivés sur le football. Du coup, nos jeunes se sont difficilement déplacés à Durban en Afrique du Sud. C’est très frustrant de se rendre à des championnats d’Afrique dans ces conditions. Heureusement que nous ne sommes pas rentrés bredouille, parce que, ce que nous avons obtenu comme médailles est mérité. La famille du karaté est allée à Durban très déçue sans interlocuteur. Grâce à Mansour Faye (ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement), ami à notre premier vice-président, le chef de l’Etat a été interpellé pour qu’on ait la possibilité de faire le voyage. Le karaté n’a pas de sponsor ni les moyens qu’il faut. La vérité est que dans ce pays, on ne s’occupe que du football que nous aimons tous. Mais, lorsque des disciplines comme le karaté, le taekwondo ou par exemple le Viet-vo dao se déplacent, c’est comme si nos athlètes ne sont pas Sénégalais. Je ne suis pas d’accord, et je suis frustré. On peut tout donner au football mais, il faudra de la même manière nous laisser une petite part nous permettant d’exister. Quand nous allons à un tournoi continental, qu’on nous dise par exemple trois voire quatre mois à l’avance vous avez droit à tant de billets. De ce fait, nous récupérons l’argent et nous allons acheter nos billets. Mais attendre au dernier moment pour s’exécuter, tu risques de payer trop cher ces billets.»
«Fatigués de passer la nuit au ministère»
«Le Sénégal était un leader en Afrique, mais tant que nous n’avons pas ces moyens financiers pour faire ce que nous voulons, on n’y parviendra pas. Le ministère des Sports doit s’occuper de tout le monde. Laisser à son propre compte une équipe nationale qui va défendre les couleurs du pays, c’est frustrant et nous devons oser le dire. Il est vraiment temps que nous allons vers les sponsors. La seule solution revient de signer des partenariats avec certaines grandes sociétés. Nous sommes obligés de travailler dans ce sens-là pour avoir de l’argent. Pour ces championnats, nous avions amené pour la plupart des juniors et cadets ; cela montre que nous sommes en train de préparer l’avenir. Nous sommes l’une des Fédérations les plus titrées. Sur le plan mondial, nous avons 10 titres. La famille des arts martiaux dispose énormément de titres mondiaux. Nous sommes fatigués de passer la nuit au ministère des Sports.»
Rassemblés par J. P. SAMBOU