Des Sénégalais émigrés au Gabon, qui se disent victimes d’intimidations, appellent à l’aide les autorités de leur pays. Certains se sont vus confisquer leur passeport par les autorités gabonaises.
Rien ne semble plus bouger pour des entrepreneurs sénégalais établis au Gabon. La plupart d’entre eux ont vu leurs travaux bloqués par leurs employeurs, presque sans motif. C’est le cas de Ousmane Cissé, entrepreneur qui exécutait un marché lié à la voirie dans une ville gabonaise. «En 2018, j’ai gagné un appel d’offres d’une agence qui gérait la voirie. Je devais financer les travaux à hauteur de 30 %, environ 300 millions francs avant de déposer des factures au niveau de l’agence pour qu’on me paie. Tout d’un coup, l’Etat gabonais a dissout l’agence. Depuis lors, je cours derrière mon dû auprès de cinq ministères qui coiffaient l’agence. Pourtant un arrête a été publié qui disait que mon entreprise devait continuer les travaux. J’ai écrit au président, Macky Sall une lettre que j’ai remise à l’un de ses conseillers. On a écrit aussi à l’ambassadeur qui m’a excellemment reçu, avec qui j’ai discuté du dossier. On a également envoyé une lettre qui n’a pas connu de suite au ministre gabonais des Affaires étrangères. Maintenant, je suis en train de rembourser des dettes aux banques et à mes ouvriers. De 49 millions de dettes bancaires, mon entreprise est passée à 100 millions francs à rembourser», explique Ousmane Cissé, entrepreneur.
Cheikh Foutiyou Thiam, lui aussi entrepreneur, explique rencontrer des difficultés dans ses activités. Pour une affaire privée avec une famille gabonaise, il s’est vu «privé de liberté» pendant des semaines. Ce qui l’a poussé à commettre un avocat qui assure désormais sa défense. «Mon client a été, pendant de nombreux mois, en toute illégalité, privé de liberté, sans jamais avoir été présenté ni à un procureur en encore moins, à une juridiction devant se prononcer sur son innocence ou sa culpabilité», indique Me Everick Ossouma-Efame, l’avocat de Cheikh Foutiyou Thiam dans un courrier adressé à l’ambassade du Sénégal au Gabon. Moins chanceux que Ousmane Cissé, Cheikh Foutiyou Thiam indique que les nombreuses démarches entreprises pour rencontrer l’ambassadeur du Sénégal au Gabon n’ont pas été fructueuses. Aujourd’hui, il affirme être dans le viseur de la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire du Gabon.
Quant à Alpha Thiam, il a vu la suspension des travaux de sa société alors qu’il avait signé un contrat avec une structure de l’Etat gabonais pour la construction d’un immeuble. «Les travaux avaient démarré jusqu’à ce que nous avons reçu l’ordre de suspendre les travaux. Contre toute attente, j’ai fait l’objet de multiples interpellations ayant en rapport avec la non-exécution du marché par l’entreprise que je dirige. (…). Je me suis fait arracher mon passeport par les agents du B2 », a accusé Alpha Thiam, dans un document envoyé au Procureur de la République, près du tribunal de Libreville. Ces Sénégalais invitent les autorités de leur pays à les aider à rentrer dans leurs fonds et à vivre en toute sécurité au Gabon.
Contacté, un agent de l’ambassade du Sénégal au Gabon a affirmé que les autorités diplomatiques travaillent pour la sécurité de toute la communauté sénégalaise vivant au pays des Bongo.
Baba MBALLO