Entre Macky et son ex-Pm, Mimi Touré, les relations se détériorent de jour en jour. Le choix porté sur Amadou Mame Diop pour présider l’Assemblée nationale reste en travers de la gorge du député non-inscrit.
Après les menaces du ministre de la Justice de la déchoir de son mandat de député, Mimi Touré passe à l’offensive. Elle a posé sur la table du président de l’Assemblée nationale une «proposition de loi limitant l’exercice de fonctions et responsabilités dans les Institutions de la République en rapport avec l’existence de liens familiaux avec le président de la République». Dans l’exposé des motifs de sa proposition de loi, Aminata Touré écrit que le Sénégal «est l’un des pays précurseurs en matière de législation de la promotion de la bonne gouvernance en Afrique. C’est à ce titre que la République du Sénégal a adopté la loi relative à la répression de l’enrichissement illicite, la loi créant une Cour de répression de l’enrichissement illicite, 22 ans avant la répression de l’enrichissement illicite par la communauté internationale, à travers la convention des Nations-Unies contre la corruption». Ainsi, la présente proposition de loi, selon son initiatrice, vise à renforcer le dispositif de promotion de la bonne gouvernance du Sénégal en garantissant les principes et règles sus-rappelées. L’ancien Premier ministre souligne que l’existence de liens de parenté ou d’alliance avec le président de la République est incompatible avec l’exercice des fonctions de président d’institution, de Premier ministre, de ministre, de Secrétaire d’Etat, de chef d’Etat-major des Armées, de directeur ou directeur général d’un établissement public ou d’une société où l’Etat est actionnaire majoritaire.
A côté du dispositif légal contre l’enrichissement illicite, renseigne l’ex-présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), le Sénégal a également adopté d’autres lois favorisant la bonne gestion des affaires publiques avec notamment la loi relative à l’organisation et au contrôle des entreprises du secteur parapublic et au contrôle des personnes morales de droit privé bénéficiant du concours financier de la puissance publique, la loi organique abrogeant et remplaçant la loi organique sur la Cour des comptes, la loi portant création de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) et la loi relative à la déclaration de patrimoine. Ainsi, la bonne gouvernance, selon elle, constitue un des principes théoriquement érigés en règle par les autorités publiques face à une exigence citoyenne de plus en plus forte.
Cependant, dit-elle, il convient de renforcer davantage le dispositif législatif en vue de respecter, dans les faits, le principe d’égalité des citoyens excluant toute volonté d’accaparement, de «népotisme ou de préférence familiale». Cette implication de la famille présidentielle dans les affaires publiques, elle l’avait dénoncée lors de l’installation du Bureau de l’Assemblée nationale marquant l’élection d’Amadou Mame Diop. Elle a boudé le vote non sans signaler à El Hadji Oumar Youm qu’elle ne voterait pas pour le candidat du président de la coalition qui «privilégie les relations familiales au détriment du mérite militant».
Magib GAYE