L’Association nationale des gynécologues-obstétriciens (Asgo) a fait face à la presse, hier. Et c’est pour défendre leurs camarades arrêtés suite au décès en couches de la dame Doura Diallo au centre de santé de Kédougou. Les gynécologues ne sont pas en phase avec le procureur.
Le personnel médical du centre de santé de Kédougou arrêté suite au décès en couches de la femme enceinte Doura Diallo ne sera pas seul dans son combat. En effet, l’Association sénégalaise des gynécologues-obstétriciens (Asgo) qui a tenu, hier, une conférence de presse, a pris fait et cause pour le gynécologue du centre de santé de Dalaba et ses collègues. «Depuis quelques jours, nous assistons à un véritable déferlement médiatique et un acharnement judiciaire contre notre collègue Léon Faye et ses collaborateurs. C’est pourquoi il nous semble essentiel de tenir cette conférence de presse afin de rétablir publiquement l’exactitude de la réalité des faits ainsi que la chronologie», indique, d’emblée, le président de l’Asgo, Dr Ibrahim Aidibe. Qui précise : «Les médecins professionnels de la santé ne se considèrent pas comme étant au-dessus de la loi».
Selon lui, cette prise de parole ne peut pas empêcher la justice de faire son travail. Il souligne que le personnel médical ne refuse pas l’ouverture d’une information judiciaire mais exige le respect des procédures. Dr Aidibe reste convaincu que la procédure de prise en charge a été conforme aux normes et procédures en vigueur depuis les consultations prénatales. Il souligne, compte tenu du caractère à risque que présentait la grossesse de la dame, l’indication d’un suivi spécialisé par un gynécologue obstétricien a été clairement notifiée. Le président des gynécologues du Sénégal a ajouté qu’une césarienne programmée comme voie d’accouchement a été clairement notifiée à plusieurs reprises. «L’attitude du gynécologue obstétricien depuis la réception de la femme est basée sur des procédures scientifiques. Nous saluons sa lucidité face à de pareilles situations, reconnues déstabilisantes pour tout professionnel de la santé. Il n’y a eu ni retard à la prise en charge ni négligence contrairement à ce qui a été dit dans le communiqué du procureur. Nous dénonçons l’impartialité et le jugement de valeur sur notre collègue», tonne Dr Ibrahim Aidibe.
En décidant de priver la liberté à ces agents de santé, le procureur de Kédougou laisse de facto, dit-il, un bloc opératoire non fonctionnel depuis plusieurs jours compliquant ainsi le parcours déjà assez laborieux de patients nécessitant des soins obstétricaux. Tout ceci, note-t-il, sans avoir attendre les rapports d’expertise et l’autopsie. Rappelant que trois rapports sont attendus notamment celui de l’Ordre national des médecins du Sénégal, le rapport d’audit du décès maternel commandité par le ministère de la Santé et le rapport de l’autopsie. «Nous exprimons notre solidarité au Dr Léon Faye et à ses collaborateurs. Nous nous engageons à défendre notre confrère et à respecter la profession. Il faut savoir que le temps de la justice n’est pas le temps médiatique. Les journalistes ont le devoir d’informer mais aussi de relever des injustices. Nous constatons, malheureusement, depuis quelque temps la dérive d’une certaine presse. Parce que des jugements hâtifs ont été faits sur des plateaux de télé sans avoir aucune connaissance de certains éléments de l’enquête», regrette le président de Asgo.
Samba BARRY