Le soleil n’est plus à son zénith au quotidien national où les travailleurs râlent contre une dégringolade des performances de leur entreprise. Sans compter un climat social morose.
Face à un environnement «concurrentiel» et «de plus en plus difficile» avec plus de 20 titres, plus de 400 sites web, Le Soleil entend se réadapter. «Dans un secteur en pleine révolution où chacun peut produire et diffuser du contenu, une réflexion prospective s’impose alors à tout média traditionnel qui veut rester en vie», a d’emblée indiqué Ndiol Maka Seck. Pour le Coordonnateur du collège des délégués du journal Le Soleil, «l’heure est grave». «Nous devons relever les défis de l’heure, non pas seulement pour sauver notre outil de travail et préserver nos acquis mais plutôt pour être dignes de l’héritage légué par nos devanciers et pour être quitte avec notre conscience devant les Sénégalais et devant l’histoire», a déclaré, hier, Ndiol Maka Seck, lors de la journée dédiée aux travailleurs du Soleil. De multiples «enjeux» qui ont poussé au choix du thème du jour: «Quels leviers pour un Soleil performant dans un environnement concurrentiel ?». Une question à laquelle Ndiol Maka Seck a tenté des esquisses de réponses: «Déjà en 1998, quelques années seulement après la mise en place de l’inter- net au Sénégal, le quotidien national était déjà en ligne. Une équipe en tic composée de journalistes avait été mise en place, dirigé à l’époque par Seydou Sissouma, rédacteur en chef d’alors. Le Soleil était à l’époque le seul média sénégalais à disposer d’une équipe multimédia et l’un des rares à mettre en ligne le journal en même temps que l’édition imprimée». «Des efforts» qui ont été récompensés, rappelle le syndicaliste, puisque le site du Soleil a été désigné comme étant le meilleur de la presse écrite africaine après un site sud-africain, selon le classement du journal Le Courrier international. «Mais comment Le Soleil a fait pour manquer ce virage technologique qu’il avait pourtant bien engagé ? C’est la question que beaucoup d’agents se posent aujourd’hui», s’émeut le Coordonnateur du collège des délégués du quotidien national Le Soleil. «L’aventure du net va continuer au Soleil avec une seconde version qui misait sur l’interactivité et l’illustration des articles, avec l’élaboration d’une base de don- nées. S’ensuit une troisième version du site qui a vit le jour avec l’appui de l’Agence internationale de la Francophonie (Aif) et une numérisation des archives de 250 mille pages est entamée à travers le Fonds d’appui à la presse francophone du Sud», renchérit-il. «Des acquis» qui ont fondu comme beurre au soleil. Puisque, déplore le syndicaliste, le site de leur journal n’est même plus référencé.
De l’avis de Mountaga Cissé spécialiste des Ntic, Le Soleil ne s’est pas tout simplement adapté à l’évolution technologique. «Le modèle qui fait ses résultats aujourd’hui dans le monde est le premium. C’est-à- dire il y a des articles qui se re- trouvent dans le site d’un journal donné mais il y en a qui sont réservés aux abonnés», explique non sans citer un autre exemple avec le New York times qui propose un système d’abonnement hebdomadaire avec un tarif accessible. «Grâce à ce système, ce journal américain a pu avoir, en août 2020, un chiffre d’affaires en ligne supérieur à celui de la version imprimée», avoue-t-il. De quoi faire saliver les travail- leurs du Soleil. Une joie de courte durée enrayée par «le climat social délétère» qui pré- vaut au sein de leur entreprise. «Le Soleil traverse, aujourd’hui, l’un des moments les plus difficiles depuis sa création en 1970», a indiqué Ndiol Maka Seck.
Ndèye Maguette SEYE