Les six sages-femmes incriminées dans l’affaire de la mort en couches de la dame Astou Sokhna, à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye, hument depuis hier l’air de la liberté. Le tribunal de grande instance de Louga qui a rendu, hier, son verdict dans cette affaire est passé par là. Le juge a, en effet, reconnu coupables trois d’entre elles pour «non-assistance à personne en danger» et les a condamnéesà six mois de prison assortis du sursis. La relaxe a été prononcée à l’encontre des trois autres.
Le procureur avait requis la relaxe contre Ngoné Seck et Ndéye Fatou Seck. Quant aux quatre autres, Amy Sène, cheffe de l’équipe du matin, Ndéye Khady Lô, Penda Diack, rédactrice du certificat de genre de mort, et Ndéye Faly Guèye, il avait requis deux ans dont un mois de prison ferme.
«Personnellement, je vais m’arrêter là», s’est résigné le mari d’Astou Sokhna, quelques minutes après le verdict du tribunal de Louga. Modou Mboup qui dit ne pas contester la décision du tribunal, se targue, à travers le procès des six sages-femmes, d’avoir mis en exergue ce que tous les Sénégalais déplorent dans les hôpitaux. Certes, il suffit d’aller dans le monde rural ou même dans certains hôpitaux dits régionaux pour se rendre compte de la souffrance des populations en quête de santé. Certains lieux manquent encore de tout, qu’on pourrait se demander combien de Astou Sokhna ont dû vivre le calvaire dans des maternités, alors qu’elles étaient déjà condamnées à enfanter dans la douleur ? Dans les maternités, elles sont nombreuses les Astou Sokhna que des accoucheuses, qui portent mal leur nom de sages-femmes, n’ont pas entouré de la bienveillance que nécessitait leur état.
Le procès des six sages-femmes de Louga et le tollé qui l’a précédé devraient servir d’exemple pour rompre avec cet état de fait, pour rappeler à l’ordre ceux qui ont des responsabilités de pleinement les assumer, pour protéger la société des abus de ceux qui les dirigent…
Hélas, le mercure semble avoir déjà baissé. On invoque le «Ndogaal Yallah (volonté divine)» pour justifier la mort en couches de Astou Sokhna. Il est évident, qu’en pensant de la sorte, les mauvaises habitudes garderont toujours leur place dans les cœurs et les espaces familiaux. Un nouveau fait viendra, sans nul doute, toute suite balayer, à l’image d’un ouragan, la tempête médiatique et socio-sanitaire provoquée par l’affaire Astou Sokhna. Ainsi de suite.
Cependant, de nombreux témoignages, et des plus beaux, magnifient des sages-femmes qui savent trouver les mots pour réconforter leurs semblables au moment de donner la vie. Donc, il ne faut pas toutes les jeter en pâture.
Salif KA – Baba MBALLO