L’Algérie vient de passer une commande d’achat de blé portant sur près de 500.000 tonnes auprès du Mexique. Cette acquisition, qui vise à constituer les réserves de céréales du pays dans un contexte de crise mondiale, s’est faite à un prix exceptionnellement élevé. Détails.
L’Algérie annonce disposer de réserves de blé pouvant lui assurer ses besoins durant les 8 prochains mois. Toutefois, ses dernières sorties sur le marché mondial pour acquérir suffisamment de blé et les pénuries de semoule enregistrées dans le pays laissent supposer le contraire.
Après avoir acheté en mars dernier 600.000 tonnes de blé français au prix de 485 dollars la tonne (C&F, Coût et fret), un niveau record, Alger vient de se tourner vers le Mexique pour une acquisition de près de 500.000 tonnes de cette céréale.
L’opération a été conclue, selon les médias, par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) avec des fournisseurs mexicains pour des livraisons en trois tranches étalées entre mi-mai et fin juin. L’Algérie, qui importait son blé traditionnellement de la France jusqu’en 2020, avant de diversifier ses sources en misant notamment sur la Russie, dans le sillage des tensions diplomatiques avec Paris, élargit ses sources d’approvisionnement dans un contexte mondial de tension sur le blé.
Si cette opération entre dans le cadre de la sécurisation des approvisionnements du pays en blé, portant sur deux tranches de 230.000 tonnes et 250 000 tonnes, est marqué par le prix record d’achat. En effet, selon les données disponibles, Alger a acquis ces tranches au prix respectifs de 570 et 590 dollars la tonne, frais de transport inclus, selon les médias algériens.
Même si le fret entre le Mexique et l’Algérie est beaucoup plus élevé que celui entre la France et l’Algérie, ce prix reste très élevé par rapport au précédent record établi en mars dernier (485 dollars/tonne, frais de transport compris), alors que le cours du blé se négocie actuellement sur l’Euronext autour des 400 euros. Ce prix élevé montrerait qu’Alger a un besoin urgent de reconstruire son «stock de sécurité» en blé. Du coup, les autorités s’approvisionnent sur le marché pour des livraisons à des délais relativement courts à des prix naturellement très élevés.
Les nombreuses assurances des autorités algériennes n’ont jamais convaincu, d’autant plus qu’Alger s’est toujours gardé d’indiquer clairement les niveaux des stocks alors que les pénuries de semoule sont monnaie courante.
Rappelons que les cours du blé ont flambé depuis le déclenchement de la guerre Russie-Ukraine, les deux pays assurant 30% du blé échangé dans le monde. Quant à l’Algérie, elle figure parmi les plus gros importateurs de blé au monde. Avec une consommation moyenne d’environ 11 millions de tonnes par an, le pays importe à hauteur de 60% de ses besoins.
En 2021, l’Algérie s’était classée au 7e rang des importateurs de blé dans le monde avec 7,7 millions de tonnes importées. Et pour cette année, le volume importé devrait croître un peu plus à cause de la sécheresse qui sévit au niveau de la sous-région.