Rien ne va plus au niveau des grandes coalitions. Yewwi askan wi n’a pas pu maintenir, en tout cas, jusque-là, sa dynamique unitaire qui lui a permis de remporter de grandes villes lors des dernières élections territoriales. Et de mettre une certaine pression sur la majorité présidentielle. Pour les joutes électorales prévues le 31 juillet prochain, Khalifa Sall, Ousmane Sonko, Déthié Fall, Habib Sy, entre autres, ont décidé d’aller chacun de son côté, dans le cadre des investitures. Pour ensuite se soumettre à un conseil de médiation et d’arbitrage qui statuera en dernier ressort. Une démarche qui pourrait complètement imploser la coalition Yewwi askan wi à quelques encablures des élections législatives en raison des enjeux et défis propres à chaque formation politique.
La situation est presque similaire au sein de la coalition Gueum sa bop. Précédemment administrateur de la coalition dirigée par Bougane Guèye Dani, Mohamed Diallo a pris une autre voie. Il a décidé de se partager les partisans de sa désormais ex-coalition. Il a mis sur les fonts baptismaux une autre structure politique dénommée «Nattangué». Pour le journaliste et sociologue Pathé Mbodj, une telle issue n’est qu’une suite logique. Car, «les tendances actuelles laissent à penser que les coalitions-là n’ont plus d’avenir».
L’analyste politique s’appuie sur les velléités au sein de la coalition présidentielle, Benno bokk yakaar, lors des dernières élections locales, pour étayer ses propos. Selon lui, le Ps est allé tout seul dans certaines localités lors des élections territoriales. «Le principe même des candidatures indépendantes de la coalition est permis ; il s’est vérifié au niveau de Benno bokk yakaar. C’est la même chose au niveau de Yewwi askan wi parce qu’aujourd’hui aussi, les menaces de vote-sanction au niveau de Taxawu Sénégal de Khalifa Sall sont la preuve que la coalition n’est pas la première préoccupation dans l’esprit des partis qui la forment. Et qu’en cas de bisbilles, ces partis peuvent faire bande à part», décrypte le fondateur du journal Le Devoir. Selon lui, cette situation au niveau de Yewwi askan wi est aussi valable au Pds quand Abdoulaye Wade et compagnie disent «qu’il ne faut aller chercher personne».
Du côté de la coalition Benno bokk yakaar, le Président Macky Sall met tous les atouts de son côté pour maintenir l’unité de sa coalition. Pour Pathé Mbodj, cela laisse comprendre que les coalitions pourraient être de façade, avec une lutte qui se mènera désormais au sein de chaque parti. «Que la coalition est là, pour gérer ensemble mais on peut frapper ensemble, peut-être gérer ensemble, mais quand ça se retourne, chacun est libre d’aller seul, quitte à se retrouver après», indique l’analyste politique qui souligne que les coalitions sont un mouvement, dans la société, qui s’est vérifié à partir des années 90 et qui depuis cinq à six ans tend à disparaître. Va-t-il disparaître complètement ou revenir ? Le sociologue «ne croit pas» à ces grandes coalitions. Le journaliste pense plus, peut-être, des coalitions «modestes» parce que chacune des parties comprendra qu’elle est assez forte et que jointes par une autre qui est assez forte, elles donneront une majorité absolue. On verra bien à qui profitera cette tendance de disparition des coalitions. Pour le moment, elles se font et se défont au gré des acteurs politiques, selon que leurs intérêts sont là ou non.
Thialice SENGHOR