La lumière. Rien que la lumière sur l’affaire d’Astou Sokhna. C’est ce que réclame le «Collectif patients en danger» qui a tenu, un sit-in, le samedi dernier à la Place de la Nation.
«Médecine déshumanisée» ; «Nul n’a le droit de me priver de ma vie» ; «Aucune femme ne doit mourir en donnant la vie. Plus jamais ça»… En sit-in le «Collectif patients en danger» a donné de la voix, le samedi dernier à la Place de la Nation pour réclamer justice sur l’affaire Astou Sokhna. Entre témoignages de citoyens de situations qu’ils ont vécues dans les structures sanitaires publiques et discours, le collectif qui regroupe des activistes, des journalistes, des citoyens lambda, des organisations de droits de l’homme, a décrié le niveau faible du plateau médical et les recrutements politiques dans le secteur de la santé. Pour Guy Marius Sagna, coordonnateur du mouvement Frapp France Dégage, le cas d’Astou Sokhna doit interpeller tous les Sénégalais. L’activiste estime que ce qui se passe dans nos hôpitaux est une responsabilité partagée mais différenciée. Car, de la même manière qu’on doit taper sur les agents de santé quand ils sont fautifs, les Sénégalais doivent également taper sur eux-mêmes. Parce que, personne, selon lui, ne prend le soin de jeter un coup d’œil sur ce qui se passe dans les hôpitaux publics tant qu’il n’est pas victime de mauvais accueil ou de négligence. «Nous devons critiquer les agents de santé incompétents mais nous devons comprendre que c’est tout un système qui encourage cette situation. Pour que le président, Macky Sall puisse avoir 8 milliards de F Cfa de fonds politiques, il faut qu’il y ait un déficit de sages-femmes et de médecins. Pour que Moustapha Niass, président de l’Assemblée nationale puisse avoir 500 millions de F Cfa de fonds politiques chaque année sans aucun contrôle, il faut que les régions manquent de médecins spécialistes. Voilà le lien qu’il faut faire», martèle Guy Marius Sagna.
«C’est l’Etat du Sénégal qui est en train de saboter notre système de santé. La santé est en danger parce que, entre 2017 et 2022, on a investi plus de 811 milliards de F Cfa sans compter les ressources dégagées dans le cadre de la riposte contre la Covid-19. C’est inacceptable», peste Marème Soda Ndiaye, député à l’Assemblée nationale. «Nous disons : plus une femme ne doit mourir à l’accouchement. Ça suffit. Nous en avons marre. Il faut que ça cesse», embraie Aminata Diallo du collectif «Daffa Doy».
Dans le mémorandum adressé au Président Macky Sall, le porte-parole du «Collectif patients en danger», Gaëlle Ababacar Mbaye, affirme que le cas de Astou Sokhna qui a perdu la vie à cause d’une «négligence médicale» est illustratif de la longue liste de drames que vivent les femmes en grossesse.
Ainsi à travers ce mémorandum le «Collectif patients en danger» exige une suite judiciaire impartiale et transparente dans l’affaire Astou Sokhna. Le «Collectif patients en danger» exige du gouvernement qu’il mette fin au supposé «quota politique» au détriment du personnel de santé qualifié ; de mettre fin aux conditions difficiles et déplorables de travail du personnel de santé et de relever le plateau médical.
Au personnel de santé, le collectif rappelle tout son attachement aux conditions qui leur «permettront d’exercer convenablement votre travail». Parallèlement, il exige d’eux «le professionnalisme, le sérieux et toute la rigueur requise dans l’exercice de votre métier». «Le Collectif reste mobilisé pour une justice pour Astou Sokhna. Il reste attentif à une suite judiciaire et administrative, juste et équitable de ce drame et désormais pour tous les cas similaires. Le collectif demande aux usagers de dénoncer tous les cas d’injustice et de maltraitance dans les établissements de santé public», conclut Gäelle Ababacar Mbaye.
Samba BARRY