Des centaines de personnes ont manifesté, vendredi, à Louga pour exiger la lumière sur la mort d’Astou Sokhna à la maternité de l’hôpital de cette ville du nord du pays, a constaté l’APS. Les manifestants ont répondu à l’appel du collectif “Justice pour Astou Sokhna”, initiative née à travers les réseaux sociaux au lendemain du décès de cette dame d’une trentaine d’années dans cette structure hospitalière.
La mobilisation des manifestants est à la mesure de l’émotion suscitée à travers le pays par les circonstances de la mort de cette patiente. La défunte aurait en vain attendu plusieurs heures pour subir une césarienne.
Certains vêtus de rouge, d’autres arborant des foulards de la même couleur autour du front ou du cou, les protestataires ont démarré la marche à 10 heures devant le portail de la mairie de Louga sous une forte scorte policière.
A la tête du cortège, l’on scandait “stop, ça suffit !”. Sur des pancartes , l’on pouvait lire “justice pour Astou Sokhna”, “droit à la bonne santé”, ’’Nous voulons des soins de qualité”,”femme est différente de bétail” ou encore “brisons le silence”, ” Nafi Yam”(stop). D’autres manifestants ont même arboré des tee-shirts avec l’inscription “Justice pour Astou Sokhna”. La tristesse et l’indignation provoquées par la mort d’Astou Sokhna étaient perceptibles sur les visages des marcheurs déterminés sous un soleil réputé peu clément, dans cette partie nord du Sénégal. Le moment le plus émouvant de la manifestation a été la minute de silence observée par les manifestants devant le cimetière où Astou Sokhna a été inhumée.
La famille de la victime, dont son époux, ainsi que plusieurs organisations et associations de femmes et de la société civile ont pris part à la manifestation D’autres personnes, automobilistes, élèves et riverains ont tout le long de l’itinéraire rejoint la procession sous les encouragements et l’oeil approbateur des badauds. C’est après plus de trois kilomètres que la procession est arrivée devant la gouvernance pour remettre au gouverneur de région, El Hadj Bouya Amar, un mémorandum articulé autour de 15 point. Devant la presse nationale et internationale, les membres du collectif ont exigé la “radiation immédiate” de tout agent impliqué dans l’affaire, la mise en place d’infrastructures et d’équipements adaptés aux besoins des populations et la vulgarisation de la charte du malade dans tous les services de l’hôpital. Ils ont aussi réclamé la nomination d’un nouveau président du Conseil d’administration à l’hôpital, la mise à disposition de ressources humaines qualifiées et la nomination d’un agent issu du corps militaire à la direction de l’hôpital. Le chef de l’exécutif régional a salué la “qualité de la marche” et promis de remettre le mémorandum aux autorités compétentes. “Vos doléances sont seront transmises à la hiérarchie”, a-t-il assuré. Toutefois, il a tenu à saluer le personnel médical “très dévoué et engagé” qui se bat pour les soins de santé et qui a été au premier plan dans la lutte contre la Covid-19 au péril de leur vie. Il a promis que la justice fera son travail à l’issue de l’enquête et que l’Etat continuera à travailler pour assurer des soins de qualité aux populations. Astou Sokhna est décédée en couches, le 1er avril. Une disparition qui a ému de nombreux Sénégalais. Sa famille, accusant le personnel médical de l’hôpital de négligence, a déposé une plainte devant le procureur de Louga.
Jeudi, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a indiqué que le décès d’Astou Sokhna pouvait être évité si une bonne évaluation du risque et une surveillance optimale avaient été mises en avant.
S’appuyant sur une enquête administrative, la tutelle a, dans la foulée, pris des mesures conservatoires à l’encontre de six agents de santé dont la responsabilité serait engagée dans ce décès tragique.
Au même moment à Louga, l’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital observait un sit-in pour dénoncer l’empressement avec lequel certains de leurs collègues ont été suspendus.
Mercredi, dans la soirée, le directeur de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, a été relevé de ses fonctions. Une décision prise lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres.
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