Le cadre de concertation des acteurs de la pêche artisanale, comprenant pêcheurs, transformateurs, mareyeurs… en veut au ministre de la Pêche. Ces animateurs dénoncent son manque de concertation, l’opacité autour des licences de pêche, le manque de chiffres fiables et son mépris qui mettent, selon eux, en péril la pêche dans le pays.
Les pêcheurs snobent leur ministre de tutelle Alioune Ndoye. Le Cadre de concertation des acteurs de la pêche artisanale (Ccapa) affirme qu’il ne veut plus avoir affaire avec le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime. Les acteurs de la pêche, qui réitèrent le refus de collaboration avec lui, l’accusent d’être à l’origine de leur désarroi et de la crise pernicieuse dans laquelle la pêche artisanale est en train de sombrer. Dans la pêche industrielle, la non publication du listing des navires autorisés à pêcher dans la zone économique exclusive (Zee) du Sénégal, face aux demandes récurrentes des professionnels de la pêche artisanale et même de la pêche industrielle est à l’origine de toutes suspicions par rapport à la transparence dans la gestion des licences de pêche.
Cette situation qui perdure remonte au 8 avril 2020, selon Pierre Mboup, coordonnateur du Ccapa, date à laquelle le ministère a convoqué les membres de la Commission consultative d’attribution de licences de pêche. Il s’agissait, dit-il, de se pencher sur des avis portant sur 12 demandes de licences de pêche concernant 56 bateaux de pêche industrielle chinois de par leur nom, dans la plupart des cas. Aussi, ils réclament la publication de la liste des navires de pêche industrielle autorisés à pêcher au Sénégal. «Nous vivons les pires moments de notre existence. Notre état d’appauvrissement est consécutif à la raréfaction des ressources halieutiques. Nos activités ont baissé de façon drastique à cause d’un manque inquiétant de poisson. L’effritement de nos revenus ne nous permet plus de faire face à nos dépenses d’exploitation et de nos ménages dont l’équilibre en souffre» lit-on dans le document de presse. «L’exploitation d’espèces de poissons n’ayant pas atteint la taille marchande notamment les juvéniles de sardinelles prend une ampleur très grave dans certaines zones en violation du code de la pêche maritime et de son décret d’application», souligne Pierre Mboup, ajoutant que les pêcheurs artisans tournent en rond en mer à la recherche de poisson, bravant des risques terribles avec, au bout, des prises dérisoires. Certains, désemparés, font cap sur l’Espagne.
D’autre part, ils déplorent les ruptures récurrentes d’essence sous-douane et les difficultés d’accès aux moteurs hors-bord ainsi qu’aux pièces de rechange à cause des intermédiaires. «C’est la première fois que nous constatons un désarmement d’autant d’unités de pêche artisanale. Dans les jours à venir, allons observer des journées sans travail pour attirer encore l’attention de l’Etat et des populations sur la crise de la pêche artisanale qui fournit l’essentiel du poisson au Sénégal», dit-il encore. Les femmes transformatrices de produits halieutiques ne sont pas en reste. Elles affirment qu’elles souffrent de la rude concurrence des usines de farine de poisson et des exportations d’importantes quantités d’espèces pélagiques côtières.
Najib SAGNA