CONTRIBUTION
Nuit de liesse, jour férié, joueurs décorés par le président Macky Sall, la victoire est totale et le sacre historique. Le Sénégal devient champion d’Afrique des nations pour la première fois de son histoire, de notre histoire et les Lions de la Teranga sont nos héros nationaux.
Une ambiance festive s’est emparée de toute la ville de Dakar et de sa banlieue, de tout le pays. Au milieu des drapeaux du Sénégal, accrochés aux immeubles, sur les véhicules, sur les artères et les trottoirs, dans plusieurs quartiers, l’ambiance est folle. Les gens s’enlacent au milieu des feux de joie, des danses et chansons sont scandées à la gloire de la sélection.
Oui monsieur Aliou Cissé, les échecs «appartiennent au passé». Oui, «une finale, ça ne se joue pas, ça se gagne». Confiance et humilité. Vous ne vouliez pas que vos hommes tergiversent sur une «malédiction sénégalaise» après deux finales perdues et ils ont eu les nerfs solides.
Grâce à vous et à eux, dans tout le pays, les Sénégalais s’embrassent, se sautent dans les bras. Tout le monde est heureux d’un bonheur partagé et collectif. Cette équipe nous rend fiers d’être Sénégalais et nous apporte tant d’espoir.
Tous les superlatifs ont été employés, triomphe, apothéose, consécration… Evidemment cette victoire fait «date», mais elle fait aussi «société» car elle ramène un peu d’optimisme à cette génération.
Tout semblait figé dans un contexte socio-économique fermé, comme ce match contre l’Egypte, la nation la plus titrée dans cette CAN avec 7 victoires. Et tout à coup, ce dernier tir au but de Sadio Mané et cette joie libératrice. Des cris, des pleurs, des rires incontrôlés. Ce n’est plus un rêve mais une réalité. Et quelle réalité ! Une première étoile. Il fallait l’avoir vu pour le croire. Une bande de Lions est venue au Cameroun et n’a pas cédé à la pression lors de l’éprouvante séance de tirs au but. Ils ont tenu leur promesse de rentrer avec la coupe à la maison.
Cette étoile, c’est l’espoir qu’on attendait, parce qu’aucun événement n’est capable de rassembler autant de monde dans la joie. Le sport peut faire bien plus que la politique et ses discours. En sport comme en politique, on le sait bien, les erreurs du mauvais casting se payent cash.
Enfin, pour cette génération, vainqueur de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des Nations 2021, c’est l’heure de gloire qui fait souffler un vent d’espoir collectif.
Mais qu’est-ce qu’un collectif ? Nous devons nous interroger sur ce qui fait la richesse de notre société. Profiter de cette euphorie pour réfléchir à ce qui compte vraiment, et ce qu’il faut valoriser en conséquence. Qu’est-ce qui rend les gens heureux ? «Quand ils donnent le meilleur d’eux-mêmes».
Comprendre la force du collectif, c’est mettre toutes les chances du côté de son équipe pour lui permettre de s’épanouir et de faire fructifier la société.
Au palais de la République, les champions d’Afrique ne manqueront pas d’inspirer nos dirigeants. Reçus et décorés par le président sénégalais Macky Sall qui n’a pas manqué de féliciter les joueurs, en qualifiant Sadio Mané de «seigneur du football», et qui en grand connaisseur des territoires, sait que ces célébrations ont une saveur particulière dans les fiefs des Lions, à Bambali, village d’où est originaire Sadio Mané, ou encore à Saint-Louis, la ville de l’attaquant Ismaïla Sarr. Et que dire de Ziguinchor, où est né Aliou Cissé, l’enfant de la Casamance.
Je me souviens de Macky Sall au début de son premier mandat, quand il joue au foot à Popenguine durant ses vacances. Un président en t-shirt blanc et short noir, pieds nus, si ouvert malgré ses airs austères. Aujourd’hui, je le retrouve léger et lion lui-même, plein de cette fougue enfantine et débarrassé, comme Aliou Cissé, pendant quelques jours de la charge critique quotidienne. Car les sportifs comme les politiques le savent bien, l’euphorie est de courte durée.
Demain, nous devons nous mobiliser pour la suite, car les deux amis et coéquipiers de Liverpool, qui ont chacun remporté le Ballon d’or africain ces dernières années, attendent le match retour qui va arriver très vite. Sénégal et Égypte se retrouveront en mars pour l’affiche des barrages africains de la Coupe du monde. Le duel africain Mané-Salah ne fait que commencer.
Oumou WANE