Une affaire rocambolesque a été enrôlée, hier, par le Tribunal des flagrants délits de Dakar. Il s’agit d’un couple d’émigrés, Amath Diouf, établi en Turquie et Fatou Dioum vivant en Italie. Après leur divorce, ils se sont retrouvés devant la barre.
La partie civile n’est personne d’autre que la dame qui poursuit son ex-époux pour «abus de confiance et de faux et d’usage de faux» portant sur un montant de 100 millions francs Cfa. Par des déclarations contradictoires de part et d’autre, les parties au procès sont revenues sur les circonstances de leur divergence, suite à leur divorce. «C’est lui qui m’avait proposé l’achat d’une maison, à Dakar. C’était un projet d’immobilier. Il m’a pris beaucoup d’argent. Qu’il me remette mon argent. Depuis deux ans, je cours derrière mon argent», a laissé entendre la plaignante.
D’après Fatou Dioum, le prévenu avait reçu un premier montant évalué à 74 mille euros (près de 50 millions francs Cfa), le 10 octobre 2018. Lequel montant était destiné à l’achat d’une villa à Dakar. Le deuxième montant, aussi évalué à 64 000 euros (plus de 40 millions francs Cfa) lui a été remis, selon la plaignante, le 15 septembre 2019. Le reste des 100 millions est mis dans les divers. «Je lui ai remis tous ces montants en espèces. Il a donné en avance 17 millions francs Cfa. Il n’y avait aucun témoin. Nous nous sommes mariés en 2019 avant de nous séparer quelques mois après», charge Fatou Dioum. Qui a versé dans le dossier, malgré l’absence de témoins, deux décharges dument signées par les deux parties.
Interpelé à l’Aéroport international Blaise Diagne, le 27 janvier 2022 en provenance de Turquie, puis placé sous mandat de dépôt après une garde à vue à la section de recherches, Amath Diouf balaie d’un revers de la main les accusations de son ex-épouse. Selon lui, les déclarations de la dame sont contradictoires. «Elle n’a pas dit la vérité. Je ne sais pas écrire. Je signe en langue arabe. C’est elle qui a tout manigancé. Elle a usurpé ma signature. Ces décharges, je les ai découvertes à la Dic et devant le tribunal», dit-il. «Je ne veux rien venant d’elle. J’ai deux comptes bancaires dans lesquels sont logés plus de 500 millions de francs cfa. De 2018 à la date de notre séparation, soit deux ans, plus de 500 millions ont transité à travers mon compte. J’ai plusieurs maisons. J’ai plus de 30 employés. Je vis en Turquie. J’ai fait plus de 18 ans là-bas. Je ne lui dois que 6 800 euros», poursuit-il. Le parquet, dans son réquisitoire, a demandé l’application de la loi.
Me Ousseynou Ngom, avocat partie civile, dans sa plaidoirie, a réclamé 100 millions de francs Cfa au mis en cause. Pour leur part, les avocats de la défense ont misé sur l’absence de preuves matérielles pour assoir la culpabilité de leur client. Ils reconnaissent, tout de même, le délit de faux et d’usage de faux portant sur un document commis par Amath Diouf. Le verdict sera rendu le 17 février prochain.
Salif KA