Les élections locales du 23 janvier dernier, en même temps qu’elles signaient le désaveu de la coalition Benno Bokk Yakaar dans beaucoup de grandes communes du pays, ont été également un cinglant camouflet pour les trois principaux alliés du président Macky Sall.
En effet, aussi bien Moustapha Niasse, patron de l’Alliance des forces de progrès (AFP) et président de l’Assemblée nationale, Idrissa Seck, chef de file du Rewmi et président du Conseil économique social et environnemental (CESE) qu’Aminata Mbengue Ndiaye, secrétaire générale du Parti socialiste et présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) ont été lapidés dans leur fiefs respectifs.
Le secrétaire général fondateur de l’Afp, Moustapha Niass, mis en première ligne par Macky Sall pour repousser la proposition de loi criminalisant l’agenda des LGBT, a été victime des sermons des imams lors du dernier vendredi précédant le scrutin. Dans son fief de Keur Madiabel, il a été laminé dans l’ensemble des bureaux de vote de la commune pourtant gérée depuis 22 ans par son poulain, le député Aliou Kébé, tête de liste majoritaire de Benno Bokk Yakaar. Bassirou Kébé, conseiller technique à la présidence de la République, conduisait la liste proportionnelle. Malgré cette armada de gros «os», le socialiste Abdoulaye Diatta, appuyé par le ministre Serigne Mbaye Thiam, n’a fait qu’une bouchée de Moustapha Niasse et ses lieutenants.
Dans la capitale du Rail où les populations ont toujours en travers de la gorge l’alliance du patron du Rewmi au président Macky Sall, les élections locales du 23 janvier ont été une véritable humiliation pour Idrissa Seck. Hué d’abord par des jeunes tout au long du trajet menant à l’école Malick Kairé de Thiès, Idrissa Seck a été ensuite battu dans son bureau N° 4 qu’il tenait sans partage depuis deux décennies par le poulain de Thierno Alassane Sall de la République des valeurs, Habib Kane de Rewuum Ngor à Thiès-Ouest en l’occurrence. Comme si cela ne suffisait pas, le ministre des Télécommunications et de l’Économie numérique, Yankhoba Diattara, un de ses plus fidèles lieutenants, a été battu à Thiès ville, de même que Talla Sylla, le maire sortant par le candidat de Yewwi Askan Wi, le Dr Babacar Diop. L’autre poulain de Idrissa Seck, l’argentier de Rewmi, Idrissa Tall, a été battu lui aussi dans la commune de Nduiglé, département de Kébémer, par Abdou Khadre Lo, un petit frère de Moustapha Cissé Lo «El Pistolero» sous les couleurs de MPG.
Quels sorts pour ces 3 présidents d’institutions
Un peu plus au Nord, dans la commune de Louga, Aminata Mbengue Ndiaye a aussi bu le calice jusqu’à la lie. Soutien du candidat Mamour Diallo de Jammu Sénégal, la présidente du haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) a été battue dans les différents centres de vote notamment à Ndieng, plus grand centre de Louga, et Santhiaba Sud et Nord par le ministre Moustapha Diop qui devance le duo Diallo-Mbengue dans la commune avec un score soviétique de plus de 8000 voix. Selon des sources dans la capitale du Ndiambour, la patronne du HCCT et du Parti socialiste, Aminata Mbengue Ndiaye, a goûté peu que Moustapha Diop ait retiré une trentaine de ses poulains notamment la députée Rokhaya Diaw, tête de liste proportionnelle, des listes de Benno Bokk Yakaar n’en laissant que trois. Quel sort maintenant pour ces patrons d’institutions budgétivores et souvent inutiles qui ont été tous humiliés dans leurs fiefs respectifs ? Macky Sall qui n’a pas été tendre avec ses ministres et directeurs généraux battus dans leurs localités le 23 janvier dernier va t-il encore s’accommoder de ces leaders en perte de vitesse et qui ne peuvent plus lui apporter grand chose ? Ou les perspectives d’un troisième mandat vont-ils sauver ces têtes ? Questions qui méritent d’être posées en cette période de recomposition politique en vue !
LeTémoin