Les résultats provisoires des élections locales à Thiès sont finalement tombés hier, vendredi, à 18 heures. Et c’est pour confirmer officiellement la défaite de la coalition Benno Bokk Yaakaar mais aussi la fin du règne hégémonique du parti Rewmi et de son leader.
La déroute a été aussi surprenante que déroutante pour la coalition Benno Bokk Yaakaar. Jusqu’au moment où les premiers résultats ont commencé à sortir des bureaux de vote, personne ne pouvait s’imaginer un tel scénario. Idrissa Seck de Rewmi et ses puissants alliés de la mouvance présidentielle ont ainsi mordu la poussière dans la cité du rail. Ils ont perdu l’ensemble des trois communes que sont Nord, Est et Ouest ainsi que la ville de Thiès. Aussi ne leur reste-t-il que le département où ils sont sortis vainqueurs. Il faut y assister pour le croire. Eh oui et pourtant, c’est dans l’ordre normal des choses. C’est la fin d’un règne sans partage qui a duré un peu plus de vingt longues années.
Au-delà, cette défaite cuisante du «Mbourou ak Soow» peut être comprise pas comme un désamour entre Idrissa Seck et sa base naturelle mais plutôt comme une inintelligence dans la démarche des deux parties. Surtout que non seulement nombre de Thiessois ont désapprouvé les retrouvailles entre Idrissa Seck et Macky Sall. Mais aussi qu’ils n’ont pas apprécié leur façon pas chevaleresque du tout de conduire les investitures pour ces locales. Tous deux, dans les actes qu’ils ont posés, lors des investitures, ont foulé au pied les principes sacro-saints de la démocratie comme s’ils étaient en dictature. Le premier en intimant l’ordre à sa coalition de ne pas présenter de listes pa- rallèles dans la ville de Thiès et le second en choisissant lui- même et sans concertation au- cune les têtes de liste dans les trois communes et la ville. Tout état de fait qui a eu pour conséquence un sourd vent de désapprobation presque généralisée dans les deux camps alliés et soulevé des velléités d’insubordination allant jusqu’au vote sanction. Aussi, cela allant de soi, les frustrés des deux camps ont entrepris une campagne sournoise de dynamitage de la coalition Benno de l’intérieur afin de faire échouer toutes ses listes dans la ville de Thiès.
Quant au leader du mouve- ment de soutien «Siggi Jotna», Abdoulaye Dièye, il a choisi d’avancer à visage découvert et n’a pas un seul instant hésité à créer sa propre coalition «And Siggil Thiès». Lequel cadre est vite devenu un centre d’accueil pour les frustrés des deux camps. Un rush qui ne tient pas compte du mot d’ordre de vote de sanction que certains leaders des deux camps auraient, selon certaines sources, donné à leurs militants. Une situation sur la- quelle l’opposition aussi a surfé pour battre campagne soutenant mordicus que «Siggil Thiès» s’est investi dans les locales sous la bénédiction du Président Macky Sall pour affaiblir son allié du Rewmi. Des allégations, justifiées ou non, qui ont porté leurs fruits puisqu’ayant permis de mettre un terme au règne sans partage d’Idrissa Seck dans la cité du Rail. Mais c’était sans compter avec les forces émergentes de la coalition Yewwi Askan Wi qui, fortes de l’apport considérable des électeurs qui avaient décidé de sanctionner Benno et qui voulaient éviter les coups fourrés avec «Siggil Thiès» proche de ladite coalition Bby, ont surgi de l’ombre pour simplement rafler la mise. La conséquence a été terrible puisque tel un tsunami, ces forces émergentes de Yewwi Askan Wi ont déferlé dans la cité du rail emportant sur leur passage le Rewmi et anéantissant du coup le rêve du patron de l’Apr, Macky Sall, de mettre enfin Thiès sous son escarcelle. Et pour cause, un croc en jambe d’un mouvement de soutien qui par frustration s’est simplement rebellé.
Sidy DIENG