Ils étaient des milliers à prendre part, vendredi après-midi, au rassemblement de soutien au peuple malien organisé à la Place de la Nation par des collectifs de la société civile pour dénoncer les sanctions de la CEDEAO.
Parés des couleurs nationales maliennes, ces manifestants scandaient entre autres slogans :”Ouvrez les frontières’’ ou encore ’’Mali libre.’’
’’Nos réunions, nos conférences de presse, nos meetings et voire nos marches pacifiques ne sont point contre les institutions de la République sénégalaise, loin de cela ; mais ils sont plutôt faits pour faire entendre uniquement notre voix par les autorités de l’Afrique et du monde entier de façon légale et légitime’’, a fait savoir le représentant de la communauté malienne à cette manifestation, Mohamed Laye Dicko.
Selon lui, ’’loin de se faire passer pour un État rebelle, le Mali, aujourd’hui, sans aucun doute a besoin d’un élan de solidarité africaine et mondiale, et non des sanctions d’aucun pays et d’aucune organisation internationale.’’
’’Comment dans un pays où les 2/3 de son territoire son occupé par des terroristes, et qui depuis une décennie fait face à une crise institutionnelle et avec un million de réfugiés, vouloir exiger l’organisation d’élections libres et transparentes dans un si court délai’’, s’est interrogé pour sa part son compatriote Mouhamed Sidibé.
Selon le représentant de l’Union des transitaires du Sénégal, Mamadou Sembele, au-delà du peuple malien qui est mis à ’’l’agonie par ces mesures impopulaires’’, c’est ’’tout le corridor Dakar Bamako qui est impacté’’.
’’Plus de huit cents gros porteurs sénégalais sont en ce moment bloqués à la frontière malienne’’, a pour sa part indiqué le Secrétaire général du Cadre unitaire des transporteurs routiers du Sénégal, Gora Khouma.
Selon le président de l’Ong Horizons sans frontières, Boubacar Bâ, ’’la CEDEAO doit revenir sur cette décision qui va à l’encontre des intérêts du peuple malien.
Il en appelle ainsi, à ’’la médiation’’ du chef de l’État sénégalais, Macky Sall, et à la ’’flexibilité’’ de la junte pour trouver ’’une issue heureuse à cette situation qui n’honore pas le continent’’.
Pour l’activiste Guy Marius Sagna, ’’la pression doit être maintenue sur les dirigeants de la CEDEAO jusqu’à ce qu’il reviennent sur cette décision, illégitime, illégale qui n’est rien d’autre qu’une trahison envers le Mali panafricaniste.’’
Réunis le 9 janvier dernier à Accra, au Ghana, les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont imposé aux autorités intérimaires du Mali des sanctions financières et économiques incluant le gel des avoirs de ce pays à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.
De même ont-ils ordonné la fermeture des frontières des Etats de la région avec le Mali et le rappel de leurs ambassadeurs en poste dans ce pays.
Les dirigeants des pays de la CEDEAO ont pris ces mesures en guise de protestation contre la décision annoncée par les militaires maliens d’assurer une transition de cinq ans avant de remettre le pouvoir à un gouvernement dirigé par les civils.
La junte, au pouvoir depuis mai 2021, a dénoncé les sanctions de la CEDEAO, les qualifiant d’”illégales et illégitimes”.
Avec APS