Le Premier ministre guinéen Mohamed Béavogui a dressé mercredi un sombre tableau de la gestion du pays près de cinq mois après le renversement par des militaires du président Alpha Condé, accusant l’ex-régime de n’avoir pas reversé au trésor public des recettes de bauxite.
Béavogui a été nommé chef de gouvernement le 6 octobre dernier par la junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya qui a renversé le président Condé, un ancien opposant qui était au pouvoir depuis 11 ans.
“Le 5 septembre, le colonel Mamady Doumbouya nous a ouvert une nouvelle page. La mission (est) claire, refonder la Guinée. Dans cet exercice de refondation, il y a énormément de choses (parce que) tout est prioritaire en Guinée”, a dit Béavogui, dans un entretien accordé à la télévision publique diffusé mercredi.
“Pour redresser cette situation, c’est l’amélioration de la gestion macro-économique et la gestion financière, dans la transparence. Il faut mettre en place les moyens pour ramener les ressources du pays là où elles doivent être. Aujourd’hui, croyez moi, les tuyaux qui conduisent les ressources de la fiscalité vers le trésor sont percés de tous les côtés”, a-t-il ajouté, en allusion à des pertes de recettes par l’Etat.
“Selon le FMI, la Guinée en 2020 a sorti l’équivalent de 3,8 milliards de dollars de bauxite” vendue mais “ce qui est rentré dans les caisses de l’Etat (fait) à peine 200 millions de dollars”, a dit Mohamed Béavogui, un technocrate expert du développement doté de décennies d’expérience dans le secteur privé et international.
La bauxite est le principal produit d’exportation de la Guinée, un pays pauvre d’Afrique de l’Ouest dont le sous-sol regorge d’immenses ressources minières dont l’or, le diamant et le fer.
“Entre le 5 septembre (date du coup d’Etat) et fin octobre, la masse salariale de la Guinée a augmenté. Le nombre de fonctionnaires a augmenté de 4.500 agents à peu près en un mois alors qu’officiellement on n’avait recruté personne”, a-t-il dit, sans plus de détails.
“J’ai demandé un audit pour me rendre compte qu’on avait deux fichiers: le fichier de la paye et le fichier des effectifs. Les deux fichiers ne correspondaient pas. Donc, on ne savait pas qui on paye”, a-t-il ajouté.
Béavogui avait dit à sa nomination que la tâche de son gouvernement sera d’exécuter “la politique de la Nation définie par le président de la transition” selon les termes de la “charte”.
Le colonel Doumbouya a promis de rendre le pouvoir aux civils après des élections dont la date reste inconnue.
Le360 Afrique – AFP