Londres a annoncé avoir commencé à fournir à l’Ukraine des «armes défensives légères», précisant que celles-ci ne représentaient «aucune menace» pour la Russie. Moscou s’inquiète de son côté de l’implication occidentale dans la crise ukrainienne.
«Nous avons pris la décision de fournir à l’Ukraine des systèmes d’armes défensives légères antichars», a déclaré, le 17 janvier, le secrétaire à la Défense britannique Ben Wallace devant le Parlement, selon l’agence de presse Reuters. Alors que les premières livraisons sont déjà arrivées dans le pays, Ben Wallace n’a pas fourni de détails sur le nombre d’armes envoyées, mais il a précisé qu’il ne s’agissait «pas d’armes stratégiques et qu’elles ne représentaient aucune menace pour la Russie», devant être utilisées par les forces ukrainiennes «en cas de légitime défense» uniquement.
Un «petit nombre» de troupes envoyées pour former les soldats ukrainiens
En outre, un «petit nombre» de troupes britanniques formera également les soldats ukrainiens à l’utilisation de ce nouveau matériel, qui s’intégrera au «mécanisme de défense» au cas où «des chars devaient arriver en Ukraine», a poursuivi le secrétaire à la Défense. L’annonce a été saluée sur Twitter par le ministre ukrainien de la Défense : «L’Ukraine apprécie hautement la décision de la Grande-Bretagne de fournir un nouveau package de sécurité avec des systèmes d’armes légers, anti blindés et défensifs !», a commenté Alexeï Reznikov.
Ben Wallace a néanmoins ajouté qu’il avait invité son homologue russe, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, à se rendre à Londres au cours des prochaines semaines pour discuter de la crise actuelle, jugeant «le fossé actuel […] large mais pas infranchissable», tout en gardant «l’espoir que la diplomatie l’emportera».
Valse d’accusations et de démentis
Les gouvernements britannique et américain continuent de prédire une invasion imminente de l’Ukraine par la Russie, bien que cette dernière a démenti à de multiples reprises prévoir une incursion armée. La semaine dernière, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a affirmé que Moscou «fabriquerait un prétexte» pour envahir l’Ukraine, menaçant d’une «réponse robuste» qui ciblerait la Russie sur le plan économique. Une proposition visant à couper Moscou du réseau bancaire international SWIFT serait également toujours sur la table, après qu’une proposition de sanctions contre le gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne, a été rejetée par le Sénat américain le 13 janvier.
La livraison d’armes légères à l’Ukraine par le Royaume-Uni fait écho aux propos tenus sur CNN le 16 janvier par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, selon qui le soutien militaire apporté par l’Alliance atlantique à l’Ukraine constituait une «menace imminente», tant pour la Russie que pour la sécurité de l’ensemble du continent européen. Un soutien bien réel, sous la forme selon lui de l’envoi d’instructeurs militaires et d’armes, tant défensives qu’offensives.
Outre le soutien britannique, la CIA aurait supervisé, depuis 2015, un «programme secret de formation intensive pour les forces d’opérations spéciales ukrainiennes d’élite», comme le rapportaient plusieurs sources à Yahoo! News. Le programme inclurait, d’après un des anciens hauts responsables du renseignement américain, des formations «très spécifiques» visant à renforcer la capacité des Ukrainiens à «repousser les Russes» en cas d’invasion. L’existence d’un tel programme a été formellement démentie par les Etats-Unis : «Les suggestions selon lesquelles nous avons formé une insurrection armée en Ukraine sont tout simplement fausses», a ainsi affirmé un porte-parole de la CIA, Tammy Thorp, dont les propos ont été rapportés par Yahoo! News le 13 janvier.
Par ailleurs, l’OTAN et l’Ukraine ont signé le 17 janvier à Bruxelles un accord qui prolonge et renforce leur coopération contre les cyberattaques, après le vaste piratage informatique qui a ciblé plusieurs ministères ukrainiens dans la nuit du 13 au 14 janvier. L’accord permet notamment aux autorités ukrainiennes d’avoir accès à la plateforme de partage d’informations des alliés occidentaux sur les logiciels malveillants. L’Ukraine avait affirmé détenir des «preuves» de l’implication de la Russie dans cette cyberattaque d’ampleur, une accusation là encore démentie par Dimitri Peskov : «Nous nous sommes presque habitués à voir la partie ukrainienne accuser la Russie de tout, même du mauvais temps dans leur pays», a commenté le porte-parole sur CNN.