2021 est l’année la plus meurtrière sur les routes migratoires qui mènent à l’Espagne, selon Caminando Fronteras. L’ONG a recensé plus de 4000 migrants morts ou disparus durant l’année passée, c’est deux fois plus qu’en 2020.
Actif depuis 2002, le collectif Caminando Fronteras publie ce lundi son rapport annuel des victimes des routes migratoires de la frontière Euroafricaine. Selon l’ONG, plus de 4000 personnes ont disparu l’an dernier en tentant la traversé vers l’Espagne. C’est deux fois plus qu’en 2020.
En moyenne, 12 personnes disparues par jour sur les routes migratoires vers l’Espagne
Chaque année, cette ONG dresse le bilan des victimes de drames migratoires grâce aux appels de migrants ou de leurs proches sur ses numéros d’urgences. En 2021, 4404 personnes ont disparu sur les routes migratoires vers l’Espagne, soit en moyenne douze personnes par jour.
C’est deux fois plus qu’en 2020. À cette époque déjà, 2 170 personnes étaient mortes ou disparues en tentant de rejoindre l’Europe via l’Espagne. Des nombres tragiques qui font de 2021 l’année la plus meurtrière depuis 2015 et le début des rapports de l’ONG Caminando Fronteras.
L’organisation souligne également la féminisation des routes migratoires vers l’Espagne : en 2021, 628 femmes et 205 enfants sont morts ou disparus en tentant de rejoindre l’état espagnol.
Cette année, le bilan de l’ONG espagnole est bien supérieur à celui de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Cette dernière a recensé au moins 1279 morts ou disparus à travers les quatre voies empruntées pour rallier l’Espagne.
Mais pour l’ONG onusienne aussi, 2021 est une année noire, l’année la plus meurtrière depuis 1997 selon ses données et celles de l’ONG espagnole APDHA.
La route vers les Canaries, le passage le plus dangereux
Selon Caminando Fronteras, les migrants qui tentent de rejoindre l’Espagne empruntent quatre routes : la route algérienne, la route d’Alboran, au cœur de la mer Méditerranée, celle dite “du détroit” (de Gibraltar) et la route des îles Canaries. Cette dernière, située en plein océan Atlantique est la plus périlleuse. En 2021, 4 016 personnes ont tenté d’atteindre l’archipel depuis le nord-ouest de l’Afrique et ont disparu. C’est trois fois plus qu’en 2020.
Selon Maria Gonzalez Rollan, l’augmentation de la fréquentation de cette voie, pourtant réputée la plus dangereuse, est due au renforcement des contrôles en mer Méditerranée, sur les routes du détroit, d’Algérie et d’Alboran.
Une augmentation due au conflit diplomatique entre Espagne et Maroc
Pour Helena Maleno, coordinatrice de Caminando Fronteras, cette crise est le résultat de la brouille diplomatique entre l’Espagne et le Maroc en mai 2021. L’état européen venait d’accueillir le chef des indépendantistes du Sahara occidental pour des raisons médicales et avait dû faire face à un afflux de plus de 10.000 migrants dans l’enclave de Ceuta. Le Maroc avait ordonné un relâchement des contrôles par Rabat en réponse à l’affront espagnol.
Mais au delà du manque de coordination des deux pays, Helena Malenon dénonce la responsabilité des “organisations criminelles” de passeurs et le “manque de moyens” pour le sauvetage des migrants.
En 2021, l’Espagne demeure l’une des principales portes d’entrée des migrants clandestins en Europe : rien que l’an passé, au moins 37.385 migrants sont arrivés sur les côtes espagnoles, selon les derniers chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur.
FranceInter