Il a affirmé dans son discours de fin d’année, que le port minéralier et vraquier de Sendou était en voie d’achèvement. L’ouvrage est encore loin d’être sorti de terre, après près de 5 ans de travaux. Au point que les riverains se demandent si le chef de l’Etat savait de quoi il parlait.
Ces ouvrages ne sont même pas exécutés à 10%
Ce ne sont pas seulement les populations du Blouf, qui se plaignent de l’absence de matérialité de certaines déclarations, lors du discours du chef de l’Etat. A Bargny et Sendou, les observateurs se sont demandé si le Président Macky Sall parlait bien du site qu’ils connaissent, en déclarant : «Dans le domaine portuaire et du transport maritime, notre pays change de niveau pour se hisser aux meilleurs standards internationaux, avec deux investissements majeurs : le port minéralier et vraquier de Bargny-Sendou, dont le chantier sera bientôt achevé…»
Un parcours rapide permet de se rendre compte que le chantier du port de Bargny-Sendou est loin d’être achevé. A commencer par la route qui doit joindre cette infrastructure avec le port «en construction», qui se distingue plus par les nids de poule qui l’agrémentent que par sa praticabilité. Cette voie date, il faut le dire, du régime de Abdou Diouf, quand Sendou était une commune de Bargny. Elle en a été détachée par le pouvoir de Abdoulaye Wade, qui voulait ainsi «punir» l’ancien maire de Bargny, Mar Diouf, un opposant notoire à son régime, et par ailleurs beau-père de Ousmane Tanor Dieng.
Même la guérite qui indique l’entrée du port sur cette route, commence à faire plus que son âge, alors qu’elle ne date que de deux ans. De loin, on aperçoit un silo à grains, l’un des rares ouvrages achevés, ainsi qu’une station de stockage des hydrocarbures, dont les citernes commencent à prendre de la rouille, faute d’entretien. Ces ouvrages ne datent pourtant pas de plus de 3 ans. Mais, ils donnent l’impression d’un abandon total.
Il est vrai que la noria des véhicules qui parcouraient le domaine accordé à Sénégal Minergy Port, le concessionnaire du port minéralier et vraquier de Sendou, semble s’être retirée depuis longtemps, replongeant l’endroit dans un silence total. Même la jetée, longue de plus d’un km, censée accueillir les bateaux de fort tirant d’eau, qui donnait aux populations riveraines de la ville éponyme de Sendou, l’impression d’une grosse activité, est devenue le lieu privilégié des pêcheurs à la ligne, qui viennent jeter leurs cannes tout en devisant autour d’un fourneau à thé. Depuis que les véhicules poids lourds et les engins de terrassement ont déserté les lieux, personne ne vient plus troubler la quiétude des lieux.
C’est dire que, à entendre le chef de l’Etat parlant d’un ouvrage en voie d’achèvement, beaucoup de ceux qui connaissent les lieux, se sont posé la question de savoir à quoi servait l’Administration territoriale. «Pourquoi est-ce que les préfets, sous-préfets, et même le Gouverneur, n’ont-ils pas mis le Président au courant de la situation réelle de ce projet ?», s’est interrogé un habitant de Sendou. Qui déplore plus pour sa part, l’opportunité perdue par la jeunesse de la localité, de trouver du travail sur le site, comme on le leur avait fait espérer. «Cela avait été la même chose avec la centrale à charbon, qui est elle aussi, totalement à l’arrêt, comme vous pouvez le constater. C’est à se demander si nos autorités ont vraiment à cœur de faire bénéficier le pays des avantages de notre cité, qu’ils ont dépecée et laissé mourir à petit feu».
Sendou a perdu 40% de sa surface foncière au profit de Sénégal minergy port, qui a même obtenu un titre foncier sur la concession portuaire qui lui a été accordée.
SudQuotidien