Du discours de fin d’année du chef de l’Etat, de nombreux Sénégalais attendent aussi qu’il dévoile sa ligne directrice pour son dernier virage avant 2024. Une vision du Sénégal de demain qui ne peut se faire sans l’implication forte de la couche jeune dont certains espèrent qu’il va tirer son futur Premier ministre.
Conscient des attentes des Sénégalais, le chef de l’Etat a décidé, il y a un mois, de faire re- venir le poste de Premier ministre dans l’architecture institutionnelle sénégalais. Et ses députés ont vite fait le job pour l’autoriser. Charge à lui maintenant de choisir l’homme qu’il faut à cette place qui ne manque pas de prétendants. Mais, Macky Sall, qui s’est résolument tourné vers la jeunesse, après le social, sait, sans doute mieux que qui- conque, qu’il a besoin d’un chef d’orchestre jeune qui saura mettre en musique ses préoccupations et sa vision du Sénégal, lui qui, au lendemain des évènements du mois de mars dernier, avait affirmé avoir décrypté le message de cette couche de la population et avait mobilisé dare dare, le 22 avril dernier, lors d’un Conseil présidentiel, le programme d’urgence pour l’insertion socioéconomique et l’emploi des jeunes, une enveloppe de 450 milliards de francs Cfa pour les années 2021, 2022 et 2023. Ce, dans le cadre du pro- gramme «Xëyu Ndaw yi».
Il y a quelques mois, l’avocat franco-sénégalais, Robert Bourgi, ami de beaucoup de chefs d’Etat africains, faisait pour WalfQuotidien, le portrait- robot de l’homme que Macky Sall devrait avoir. Et une autopsie de l’interview de Me Bourgi confirme effectivement cette attente, lui qui disait en plus que la jeunesse doit être présente, plus que jamais, dans l’exercice des charges gouvernementales. En effet, il avait prôné un Premier ministre jeune, à juste titre. Parce que 65 % de la population sénégalaise est constituée de jeunes. «Les Sénégalais en ont marre de la fossilisation de la vie politique, de voir les mêmes têtes depuis cinq décennies», disait-il. Un argument qui tient la route quand on sait que ce sentiment d’immobilisme avec la même caste de dirigeants fait qu’aujourd’hui l’opposant Ousmane Sonko, qui veut casser ce système, même s’il s’acoquine avec ses têtes de gondole, car- tonne auprès de cette couche jeune. La plupart des jeunes nés en 2000, lors de la première alternance politique du Sénégal, voit les mêmes têtes sans que les choses bougent comme il le faut.
Aujourd’hui, indiquait Me Robert Bourgi, l’homme qu’il nous faut doit être «capable de rallier la jeunesse, la société civile et la technostructure. Un homme pas archaïque et non encarté». Un homme qui n’est pas un pachyderme de la vie politique et peut comprendre la vision du Prési- dent pour la matérialiser comme Macky Sall l’a fait avec Abdoulaye Wade. Car, des quatre Premiers ministres de Wade, l’actuel président de la République a été le seul à avoir concrétisé les «éléphants blancs» du Pape du Sopi. En effet, tous les grands projets de Wade ont commencé à sortir de terre lors de son magistère à la station primatoriale, comme disait son prédécesseur Idrissa Seck.
Mais, pour éviter une dualité au sommet de l’Etat dont Idrissa Seck avait été accusé, surtout dans ce contexte d’incertitude sur le troisième mandat, Macky Sall devrait choisir un homme qui lui sera loyal et qui ne pensera pas à l’après. Quelqu’un qui va suivre et coordonner l’action du gouvernement et qui va strictement se contenter de ce rôle de Premier ministre. «Le talent ne manque pas dans le pays. La société civile est riche d’hommes et de femmes d’un ni- veau élevé qui apprécieraient d’apporter leur concours à la bonne marche du pays. Je rêve d’un Premier ministre jeune, qui ne soit pas un apparatchik de la vieille école, à qui il appartiendra de construire, en accord avec le président de la République, une équipe gouvernementale inédite, venant de tous les horizons politiques. Le Président, et lui seul, aura les manettes du changement qui doit s’opérer. Il suffit d’attendre. Il saura ne pas décevoir l’attente du pays», soulignait l’avocat., promettant que le Premier ministre sera une surprise : «Le Président, le désignant, attendra de lui qu’il cimente le pays, qu’il échappe aux cloisonnements, qu’il fasse travailler ensemble des personnalités compétentes venues d’horizon divers et exerçant dans l’excellence, des métiers tous aussi divers. Car, aujourd’hui, Macky Sall ne peut plus penser vieux. Il lui faut innover en faisant appel aux jeunes de valeur à la compétence reconnue. Le Président saura surprendre. Il a décidé de faire le pari de la jeunesse. Nous serons tous surpris».
Seyni DIOP