(Correspondance) – «Malgré tous les efforts consentis par l’Etat pour accompagner et promouvoir le développement de la langue arabe au Sénégal, force est de reconnaître qu’il reste encore beaucoup à faire».
C’est, du moins, l’avis de El Hadji Moussa Fall, docteur en civilisation musulmane et langue arabe, par ailleurs enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Il présidait, avant hier, les travaux de la Journée internationale de la langue arabe, célébrée par l’Alliance des arabophones sénégalais. Une première édition tenue qui s’est voulue pour rendre un hommage mérité aux anciens arabisants du pays et aux oulémas qui ont eu à participer à la promotion à l’enseignement arabe et arabo musulmane dans le pays. De ceux là, Ousmane Ndiassé Mbaye, Alioune Diouf mais aussi des membres des familles religieuses, comme Feu El Hadji Sidy Lamine Niass, fondateur du groupe Walfadjri que tout le monde connaît pour son engagement dans la promotion de la langue arabe entre autres syndicalistes comme El Hadji Doudou Gaye. «Une belle occasion pour nous, arabisants, de fêter nos anciens qui nous ont formés et encadrés. En somme, un moment pour leur manifester toute notre reconnaissance», fait savoir le docteur en civilisation musulmane et langue arabe.
Pour lui, il faut reconnaître que l’enseignement de l’arabe est très en avance au Sénégal. «Nous avons pas mal d’amis au niveau de la sous région. Mais à chaque fois que nous les rencontrons dans le cadre de la recherche et des conférences, ils nous disent souvent que notre chance au Sénégal est que vous avez réussi à régler le problème juridique de l’enseignement de la langue arabe».
En effet, explique-t-il, dans tous les pays de la sous- région Ouest africaine, la langue arabe est enseignée de façon informelle alors que chez nous, cela de façon officielle. A l’école normale supérieure ce sont les mêmes modules qui sont enseignés aux francisants et aux arabisants. Un autre atout est que l’arabe est la seule langue, outre le français, à être enseignée au niveau du cycle élémentaire sans compter l’instauration du Bac unique et officiel arabe. Ce concours ouvre aux étudiants arabophones les portes de l’université.
Cependant, note-t-il, il reste beaucoup à faire comme entre autres l’ouverture de l’assiette de la formation aux étudiants arabes. Aujourd’hui, on a accès à l’université mais à une seule Faculté, celle des lettres au département arabe. «Nous voulons qu’aujourd’hui, avec l’avance de la technologie, que l’on insiste sur la formation professionnelle et les matières scientifiques. Nous volons que l’on introduise les matières scientifiques en arabe mais aussi l’ouverture de facultés fonctionnelles pour permettre aux étudiants arabisants d’accéder à certaines filières». Un autre aspect, poursuit Dr El Hadji Moussa Falll, est de faire en sorte que les instituts privés arabes acceptent d’introduire l’enseignement du français dans leur programme.
Sidy DIENG