On s’achemine inexorablement vers l’application de la vérité des prix. Le Sénégal n’a plus le choix, il est obligé de se plier à la volonté du Fmi, s’il veut continuer de bénéficier de la bienveillance des créanciers.
L’Etat du Sénégal est coincé. Après la hausse du prix du pain, on s’achemine inexorablement vers une hausse généralisée des prix et donc l’application de la vérité des prix, comme l’a toujours demandé le Fmi. «La logique d’ajustement structurel imposée globalement par le Fmi repose effectivement sur la suppression de subventions étatiques permettant de limiter la hausse de certains prix à la consommation», indique l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye. D’après lui, Macky Sall et son régime sont dans des «impasses budgétaires», d’endettement et de croissance. A l’en croire, il s’est rendu totalement dépendant du Fmi qui met avant tout l’accent sur le remboursement des échéances de la dette extérieure. «Du Fmi dépend l’attitude des bailleurs dont le Sénégal ne peut plus se passer qui doit continuer à emprunter pour financer des déficits croissants. C’est également le Fmi qui distribue des DTS», poursuit-il. Puis il ajoute : «Le Fmi est souvent comparé à un gendarme, considérons que le Sénégal est en garde-à-vue, et n’est plus maître de sa politique économique et sociale, même si la crise de la Covid-19 lui permet de bénéficier de quelques bienveillances».
Cependant, Abdoul Mbaye déplore le fait qu’on n’assiste pas à des baisses conséquentes de prix lorsque les marchés mondiaux le permettent comme ce fut le cas en 2018 pour l’énergie. Il n’y a pas non plus, d’après lui, une remise en cause de «comportements gabegies» pesant sur l’équilibre budgétaire global. Ainsi, souligne le fondateur de l’Act, le Fmi ne contestera pas l’achat totalement «inapproprié» d’un avion présidentiel flambant neuf. «Les dirigeants dépensent et le peuple trinque», indique encore l’ancien Premier ministre qui note que les subventions à la Senelec sont en cours de reconstitution en raison de la montée des prix des hydrocarbures. J’espère, dit-il, qu’ils ne chercheront pas à les faire baisser par le relèvement des tarifs. L’annonce de l’arrêt de la subvention du prix du pain intervient deux jours seulement après la visite au Sénégal de la présidente du Fmi.
Charles Gaïky DIENE