Surprenants Gambiens. Ils ont donné une remarquable leçon de maturité politique en menant une campagne électorale conviviale et en votant dans un calme absolu.
La victoire d’Adama Barrow a été annoncée hier par le président de la Commission électorale indépendante, Alieu Momar Njie. D’après les résultats globaux annoncés, le président sortant l’emporte avec 458 519 (sur quelques 900 000 électeurs). Loin devant son principal concurrent et ancien mentor, Ouseinou Darboe avec 238 253 des voix. Les deux principaux concurrents sont suivis de loin, dans le désordre, par les quatre autres candidats qui étaient en lice, à savoir Mama Kandeh du Congrès démocratique de la Gambie (Cdg), Halifa Sallah de l’Organisation démocratique du peuple pour l’indépendance et le socialisme (Pdois) et deux indépendants, Abdoulie Ebrima Jammeh et Essa Mbye Faal.
Comme la campagne électorale, le scrutin s’est déroulé sans incident, ce qui a valu au pays les félicitations de la communauté internationale dont la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui a dépêché une mission d’observation dirigée par l’ancien président de la Sierra Leone, Ernest Bai Koroma. Le caractère pacifique de l’élection a été impulsé par tous les candidats qui, à la veille de l’ouverture de la campagne électorale, ont signé un accord par lequel ils s’étaient engagés à mener une «campagne civilisée» et de s’abstenir de toute critique ou attaque verbales et d’acte susceptible de provoquer de la violence. Lors de leurs derniers meetings ils ont tous appelé leurs partisans à voter dans le calme et à éviter au pays une crise post-électorale. Ils ont également tenu leurs engagements de ne proclamer aucun résultat ni faire de déclaration avant l’annonce du verdict officiel qui sera faite par la Cei et de ne faire de recours que devant les juridictions compétentes. «Nous devons voter dans le calme, dans la paix et la fraternité car nous sommes tous de la même famille et il y va de l’intérêt de notre pays. Nous devons montrer que la démocratie est réelle en Gambie», avait déclaré jeudi le président Barrow lors du meeting de clôture de sa campagne électorale. «Je veux que tous les hommes politiques se retrouvent après l’élection pour le développement du pays sans tenir compte de leurs appartenances politiques», avait-il ajouté. Comme tous ses adversaires, le président sortant s’était engagé à respecter les résultats. «Quelle que soit la décision du peuple gambien, je la respecterai parce que je suis un démocrate et je crois aux principes de la démocratie et de l’Etat de droit. Ce sera au peuple gambien de décider», avait-il affirmé au cours de la campagne électorale. Son principal adversaire, Ousainu Darboe, candidat du Parti démocratique uni (Udp, sigle en anglais) était dans le même état d’esprit. «Allez voter dans le calme. Votez sagement», avait-il déclaré à ses partisans lors de son dernier meeting. Ancien ministre des Affaires étrangères et vice-président du président Barrow dont il était le mentor, M. Darboe a été en partie pénalisé par son «accident» qui l’a empêché de descendre sur le terrain pour aller à la rencontre des électeurs. Il n’est apparu en public que lors de l’ultime meeting de sa campagne électorale pour faire taire les rumeurs qui le donnaient «gravement malade».
Les 982 157 électeurs inscrits ont voté dans 1 554 centres répartis à travers les 53 circonscriptions électorales du pays. Le scrutin s’est déroulé sous la supervision d’observateurs de plusieurs organisations nationales et internationales dont ceux de l’Union africaine (Ua), du Commonwealth dirigés par l’ancien président du Nigeria, Olesegun Obasanjo, et de l’Union européenne (Ue).
Mamadou CISSE