De nombreuses organisations de la société civile sénégalaise grondent contre l’acceptation d’Israël comme pays observateur à l’Union africaine. Elles demandent à l’Etat du Sénégal de dire si oui ou non, il accepte la décision de la Commission de l’Union africaine d’accorder ce statut à l’Etat hébreu.
Si de nombreux pays africains ont affiché leur opposition au statut d’observateur accordé à l’Israël au sein de l’Union africaine (Ua), le Sénégal, quant à lui, ne s’est pas prononcé sur la décision de la commission de l’instance panafricaine. Cette commission présidée par le Tchadien, Moussa Mahamat Faki, a accueilli en juillet dernier l’État hébreu comme pays observateur à l’Ua. Dès lors, les critiques ne manquent pas, comme c’est le cas, hier, à Dakar où une trentaine d’organisations et de personnalités disent attendre des autorités une clarification de leur position sur la décision de l’Ua. «On attend surtout du côté de l’Afrique de l’Ouest pour qu’ils prennent position aussi de façon claire contre ce statut d’observateur qu’on pourrait accorder à Israël. Nous insistons pour que le Sénégal soit le pays qui donne l’exemple», indique Madièye Mbodj, coordonnateur de la plateforme de Solidarité Sénégal-Palestine. Il prenait part à une conférence-déclaration sur le statut d’observateur accordé à Israël au sein de l’Ua. «Dès l’instant qu’il y a 23 pays qui sont contre, cela veut dire que cette décision ne peut pas passer», estime Madièye Mbodj. Avant de poursuivre: «si on fait un forcing pour faire entrer une majorité (favorable à maintenir Israël comme pays membre observateur à l’Union africaine, Ndlr), ça va créer une cassure au sein de l’Union africaine. Et nous n’en voulons pas». D’après lui, il faudrait «arriver à une décision par consensus» pour trancher la question du statut d’observateur de l’Etat hébreu, qui divise déjà plus que jamais les pays africains. Mais, Madièye Mbodj, lui, n’attend pas pour se faire une religion: «C’est de faire en sorte que Israël ne soit pas membre associé ou membre observateur de l’Ua». Il ajoute que l’Afrique est suffisamment forte pour se passer de la coopération d’Israël. «Il ne s’agit pas de monnayer, de marchander la liberté d’un Etat par des avantages économiques. C’est inacceptable. Si la Palestine n’est pas libre, la liberté de l’Afrique n’est pas totale. Ce n’est pas par de petits avantages économiques de la coopération avec Israël qu’on doit se priver du rapport privilégié avec la Palestine», tonne-t-il.
Quant à l’économiste Demba Moussa Dembélé, membre de la plateforme, il souligne «deux facteurs qui expliquent le soutien de certains pays à Israël pour être observateur » au sien de l’Ua. Le premier facteur, pour lui, «c’est la sécurité, parce que certains dictateurs en Afrique bénéficie de l’aide sécuritaire d’Israël». Il indique que le deuxième facteur est surtout lié à la pression des pays occidentaux, notamment les Etats unis et l’Union européenne, qui font de la reconnaissance ou le maintien des relations diplomatiques avec Israël une des conditionnalités de leur prétendue aide. Ces puissances, soupire Demba Moussa Dembélé menacent de prendre des sanctions sur un pays qui ne reconnait pas Israël.
Emile DASYLVA